
À 22 ans, Alan Retailleau partage son temps entre la France et le Canada dans le cadre d’un double diplôme en ingénierie. C’est sur les bancs de l’IMT Mines Alès qu’il décide, avec deux camarades, de s’attaquer à un problème bien connu des étudiants : une communication associative fragmentée et inefficace. Ensemble, ils conçoivent KOMI, une application mobile conçue pour structurer les échanges et moderniser la vie étudiante de campus.
Un parcours entre sciences et engagement. Originaire de Bretagne, Alan Retailleau a suivi un parcours scientifique en classe préparatoire avant d’intégrer l’IMT Mines Alès. Un choix guidé par la volonté de ne pas s’enfermer trop tôt dans une spécialisation. « J’avais de très bonnes bases en informatique, mais je ne voulais pas que mon cursus tourne uniquement autour du code. L’approche généraliste des Mines d’Alès me permettait de garder une certaine ouverture », explique-t-il aux Indiscrétions. Ce goût pour les projets ne date pas d’hier. Déjà au lycée, il multiplie les initiatives : président de la Maison des lycéens, il développe une première application mobile, « Cassette MBL », pour simplifier la gestion de la cafétéria. « Tout était noté à la main, on a remplacé ça par une appli où les ventes étaient enregistrées automatiquement. On suivait la trésorerie en temps réel », détaille-t-il.
KOMI, une application née du « ras-le-bol » de Facebook. L’idée de KOMI germe dès sa première année à l’IMT Mines d’Alès. « On s’est retrouvés plongés dans une vie associative extrêmement riche, mais très difficile à suivre. Toutes les communications passaient par une unique page Facebook, utilisée pour tout : annonces officielles, soirées, événements… On était vite perdus. » Avec deux amis, Loshan Rasan (administratif et finances) et Amaury Fumard (communication), Alan imagine alors un outil dédié. Leur solution : une application mobile centralisant tous les éléments essentiels à la vie étudiante. « KOMI permet à la fois de discuter entre étudiants, de suivre l’actualité des clubs via un fil dédié, de consulter une vitrine des activités à venir, et même de payer directement depuis l’appli pour les événements. On a aussi intégré un calendrier partagé et des outils de gestion pour les clubs », résume-t-il.
Une résistance au changement. Si le concept séduit rapidement les étudiants de première année, son déploiement s’est heurté à une certaine inertie. « Facebook est implanté dans les habitudes depuis 15 ans. Les premières années étaient enthousiastes, les deuxièmes hésitaient, et les troisièmes refusaient en bloc. » Une première version est développée en deux mois et testée à petite échelle. « Les retours étaient mitigés, on a donc continué à l’améliorer. La version que nous lançons à la rentrée 2024 est beaucoup plus aboutie. » Les premiers retours sont encourageants : « Le BDE a réalisé jusqu’à 4 000 € d’économies annuelles en frais de transaction. La participation étudiante aux évènements a augmenté, et les clubs disposent désormais de données concrètes pour évaluer l’impact de leurs actions. »
Entre l’Occitanie et le Canada. L’ambition est maintenant d’arriver sur d’autres campus. « On a des concurrents, c’est certain. Mais on pense que notre solution, très intégrée et pensée avec et pour les étudiants, peut trouver sa place. » Alan Retailleau suit aujourd’hui un double diplôme au Canada, où il commence déjà à envisager une extension du projet. « L’application est traduite en plusieurs langues, et on commence à la présenter dans des campus nord-américains. » Une contrainte toutefois : le temps. « On n’est pas encore à plein temps sur le projet. Chacun de nous est en études ou en stage. Le projet avance bien, mais il faut trouver les bons relais. »
Le commis du BDE. Quant au nom KOMI ? Il résume à lui seul la philosophie du projet. « J’ai été commis de cuisine pendant des années, et j’aimais l’idée du “commis du BDE”, celui qui aide dans l’ombre. Et puis il y a le “com” de communication, le “i’” pour interne… et le K, parce que ça sonne bien », confie-t-il.