
Perrier : « Je ne peux pas imaginer qu’il n’y ait pas de solutions »
L’État accroît la pression sur Nestlé Waters, propriétaire du site industriel Perrier (eau minérale naturelle) à Vergèze. Le préfet du Gard met en demeure ce 7 mai Nestlé Waters de se conformer aux normes de microfiltration de l’eau dans un délai de deux mois. Un délai extrêmement court, qui fait planer la menace du retrait de l’appellation « Eau minérale naturelle ». Réaction de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie et de Régions de France. « Trois questions à… », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
L’État donne un délai de deux mois à Nestlé Waters pour retirer ses systèmes de micro-filtration. N’est-ce pas trop court, d’après toi ?
Cette affaire dure depuis plusieurs mois, si ce n’est années. Je dois m’entretenir dans les prochaines heures avec Muriel Liénau, directrice générale de Nestlé Waters. Je pense qu’elle a des options réalistes pour atteindre ces objectifs.
Le préfet du Gard a-t-il selon toi une position trop dure avec Nestlé Waters?
Le préfet Jérôme Bonet a pris toutes les précautions pour prendre la décision la plus juste possible, à la fois à l’égard de l’entreprise, de ses salariés et des consommateurs. C’est important : il a d’abord rappelé que les bouteilles commercialisées ne représentaient aucun risque sanitaire. Néanmoins, au regard du non-respect de la réglementation, il aurait pu retirer directement l’appellation « eau minérale naturelle », sans plus de discussion. Avec des conséquences économiques, sociales, humaines catastrophiques. Ce n’est pas le choix qu’il a fait. Il place l’avenir du site entre les mains de l’entreprise.
Faut-il craindre une fermeture du site de Perrier Vergèze ?
Je ne peux pas imaginer qu’il n’y ait pas de solutions. Perrier doit et va les trouver.
Aujourd’hui, l’entreprise Perrier compte mille salariés à Vergèze, auxquels s’ajoutent les 164 emplois de la Verrerie du Languedoc. Comme dans beaucoup d’industrie, il faut compter quatre emplois indirects pour un emploi direct … Et il faut bien mesurer le défi, l’énergie que demande l’implantation de grandes marques internationales en province, loin de Paris. Par ailleurs, pour les communes telles que Vergèze ou Uchaud, qui accueillent un forage, c’est une perte fiscale importante et donc autant de projets structurants qui risquent d’être remis en cause.
Mais la question est plus vaste. La réglementation sur la microfiltration des eaux minérales ne doit pas forcément changer, mais certainement être précisée. Elle est trop floue et permet beaucoup d’interprétations. Il faut une norme claire, intangible, juste et équilibrée qui préserve à la fois la minéralité de l’eau et sa qualité sanitaire. La France est le premier exportateur mondial d’eaux minérales naturelles. C’est une histoire, un succès qui nous obligent. Notre pays doit davantage investir dans la protection de la ressource en eaux face au risque climatique et à l’activité humaine.