
« L’entreprise qui n’investit plus finira par mourir »
Comment gérer les incertitudes au sein des ETI d’Occitanie ? La présidente du Club ETI Occitanie, également directrice générale déléguée du Groupe Actia, ETI familiale spécialiste de l’électronique de pointe pour la mobilité terrestre, l’aéronautique, le spatial et l’énergie, qui emploie 4.000 salariés pour un CA de 535 M€, et aussi présidente du conseil d’administration de Banque Populaire Occitane, intervient ce 23 juin à Toulouse sur ce thème, en ouverture de la soirée du Club ETI Occitanie (déléguée générale : Aline Gandy). Et se confie aux Indiscrétions. « Trois questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.
Catherine, que pèse le Club ETI Occitanie aujourd’hui ?
La création est récente, en 2022. Nos activités se sont progressivement mises en place, d’abord à destination des dirigeants puis de leurs managers. Avec l’arrivée d’Aline Gandy fin 2023 (ex-journaliste économique, à La Lettre M notamment, ndlr), le développement s’est accéléré. Le Club compte aujourd’hui 46 entreprises adhérentes, sur 380 ETI environ en Occitanie. Nous animons plusieurs communautés, composées de dirigeants, de responsables RSE, RH, SI, communication d’entreprise et bientôt finances. Nous couvrons l’ensemble du territoire, même si on doit accélérer sur le côté Est (ex-Languedoc-Roussillon, note) de la région. Les secteurs d’activité représentés sont très diversifiés, de la santé à l’électronique, du bâtiment aux logiciels RH… Le Club ETI Occitanie s’adresse aussi aux grosses PME, aux portes du statut d’ETI. Nous les aidons à préparer ce passage de cap. Il y a la crainte, chez certains, de passer un seuil.
Quel est l’atout principal, selon toi, du Club ETI Occitanie ?
Nous faisons se rencontrer des dirigeants d’ETI sur des thématiques qui peuvent être des enjeux de gouvernance pour l’entreprise : gestion des RH, sujets RSE et ESG… Comme ce lundi soir, pour cette conférence portant sur la gestion des incertitudes.
Il y a des spécificités pour les ETI, par rapport aux PME ou aux grands groupes. Nous favorisons donc des rencontres entre pairs, non pas par filière, mais autour de problématiques transverses.
À travers nos ateliers, conférences, commissions etc., nous nous concentrons sur le pragmatique et l’opérationnel. Les adhérents rentrent dans du quotidien, identifient les cailloux dans les chaussures pour essayer d’en enlever. Il faut être efficient pour survivre. Le partage est décorrélé de nos métiers. Ainsi, il n’y a pas de compétition entre nous.
En quoi le climat actuel est-il selon toi particulièrement incertain ?
Il n’y a pas un seul service qui ne se sente pas en incertitude. L’environnement réglementaire évolue tout le temps. Tout est très instable, au niveau des achats (contraintes marchés financiers, droits de douanes), du juridique (règlements internationaux), du fiscal, des taux de change, ou encore des RH, avec une contrainte sociale française de plus en plus lourde. Le poids de l’environnement crée une fatigue chez les dirigeants d’ETI.
Des décisions d’investissement sont décalées. Pourtant, dans un environnement très concurrentiel, l’ETI qui n’investit plus peut vivre encore un peu, mais finira par mourir. Vu l’accumulation des incertitudes, des entrepreneurs peuvent se dire ‘Mon outil fonctionne bien ainsi, je ne change rien’. Et il est vrai qu’un investissement consomme des ressources. On peut lever des fonds par différents biais, même s’il faut une rentabilité pour rembourser. Mais les ETI vont y arriver, et voir la lumière au bout du tunnel !
> Le METI (Mouvement des entreprises de taille intermédiaire) vient de publier un rapport « Produire et travailler en France : mode d’emploi », avec 15 leviers d’actions. Et une évidence utilement rappelée : « La compétitivité est le plus court chemin vers la prospérité. » Pour se procurer le rapport, n’hésitez pas à nous contacter sur amelie@agencehv.com ou hvialatte@gmail.com