Fabrice Verdier, BRL

26 février 2024

Vers un doublement d’Aqua Domitia ?

Un 2e réseau d’eau ‘Aqua Domitia’ va-t-il être construit sur la partie littorale de l’Occitanie ? L’exécutif de la Région Occitanie, présidée par Carole Delga, n’écarte pas cette possibilité.  
Les Indiscrétions ont rencontré Fabrice Verdier, président de BRL, concessionnaire du réseau hydraulique régional de la Région Occitanie, président de la communauté de communes Pays de l’Uzès et premier adjoint au maire d’Uzès, le 15 février à Uzès.  
« Trois questions à… », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.  

Fabrice, BRL a réalisé le projet Aqua Domitia pour sécuriser l’approvisionnement en eau de la plaine du Languedoc. Promesse tenue ?
L’actuelle canalisation Aqua Domitia, inaugurée en 2017, qui transporte l’eau du Rhône pour irriguer la plaine du Languedoc, sera saturée à l’horizon 2027-2028. Nous pensions avoir, avec un tel équipement, un répit jusqu’en 2040, mais le changement climatique s’accélère.  
Avec son réseau d’eau brute et sa capacité de prélèvement dans le Rhône, BRL est une des solutions à l’enjeu de l’eau en Occitanie Est (ex-Languedoc-Roussillon, note), parmi d’autres : retenues collinaires, sobriété, recherche sur le végétal, optimisation… La concession a démontré sa pertinence pour résoudre les problèmes d’approvisionnement en eau des agriculteurs et de certaines stations touristiques, comme Le Grau-du-Roi pendant l’été, pour apporter son ingénierie et accompagner les territoires en matière de sobriété.  

Penses-tu aller vers un doublement d’Aqua Domitia, avec l’installation d’une nouvelle canalisation ? L’influent viticulteur audois Gérard Bertrand a pris position ce week-end dans Midi Libre sur le sujet (lire ici). On parle d’un projet allant cette fois jusqu’aux Pyrénées-Orientales, et coûtant environ 500 M€.  
Les Pyrénées-Orientales ne font à ce jour pas partie de la concession de BRL. Un éventuel nouvel Aqua Domitia est un sujet qui doit être traité politiquement, et s’inscrire dans une vision d’aménagement régional, impulsée par Carole Delga et les élus concernés. Il appartient aux collectivités de fixer sa feuille de route à BRL. Et à l’État de faire évoluer le périmètre de la concession, jusqu’à la plaine du Roussillon. L’avantage est que l’on peut créer un 2e tuyau sur l’emprise que nous détenons déjà avec le premier projet.  

Mais un nouveau ‘tuyau’ t’amènerait à prélever davantage d’eau dans le Rhône, dont le régime va passer de fleuve glaciaire à fleuve pluvial dans les prochaines décennies…
Nous pensons, à BRL, qu’il y a de la marge. En 2070, en période estival, le Rhône aura 55 % de débit en moins. Le volume apporté par le fleuve Rhône par an est 55 milliards de m3 d’eau. Les prélèvements, dans tout le bassin du Rhône, à date, c’est 3 milliards de m3 d’eau, soit 5 % de toute l’eau qui s’écoule à la mer. BRL prélève 150 millions de m3, c’est-à-dire 0,25 % de l’écoulement total du Rhône.  

Autre annonce : le 8 février, le conseil d’administration de BRL a validé un plan d’investissement de 100 M€ en 10 ans, axé sur la sobriété de la gestion en eau, la modernisation du réseau et l’installation de panneaux photovoltaïques le long des canaux.  

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