Matthieu Ourliac, Medef Béziers

3 juin 2024
Matthieu Ourliac - Les indiscretions

Liens avec Armée/Entreprises, écologie et réindustrialisation, les bases de mon 2e mandat

Le 31 mai, le président de Prism’emploi Occitanie accueille la presse déchaînée au siège social de son groupe Potentiel Humain / Caminarem (intérim, conseil RH, portage salarial), à Béziers (34), pour annoncer un très probable 2e mandat à la présidence du Medef Béziers Occitanie Ouest. Les Indiscrétions y étaient. « Trois questions à… », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.

Matthieu, pourquoi brigues-tu un 2e mandat de trois ans, à la tête du Medef Béziers (400 adhérents) ?
J’ai envie d’aller au bout de la chose. Ce sera mon 2e et dernier mandat. L’élection est prévue le 26 septembre lors de l’assemblée générale. Le Medef est une forme d’engagement, comme le sont la politique, les associations, les comités de quartier… Je pense que la démocratie est un travail collectif, et demande un effort d’investissement de chacun. Et c’est intéressant de pouvoir exprimer ses convictions. Par ailleurs, l’engagement au Medef – je suis également trésorier adjoint du Medef Occitanie (présidé par l’Héraultais Samuel Hervé, note) – est bénévole, pas à 100 %. Il n’y a pas d’enjeu financier, je peux partir quand je le souhaite. Enfin, les adhérents ont une grande liberté de parole, c’est appréciable. Même si, on ne va pas se mentir, on pense toutes et tous à peu près la même chose (rire).

Quels thèmes entends-tu défendre lors de ce 2e mandat ?
Lors de ce premier mandat, j’ai défendu la valeur travail, et ai publié un livre sur ce thème. Ce livre, coécrit avec Hubert Vialatte (Agencehv), est disponible sur les plateformes en cliquant ici. J’aurais pu publier des vidéos sur les réseaux sociaux, en me mettant en scène. On m’a poussé à le faire. Cela aurait fait des milliers de vues, à n’en point douter… mais après ? (moue dubitative) Avec cet opus, j’ai pu poser les choses. Le livre soulève des thèmes qui sont en pleine actualité aujourd’hui : le place du télétravail dans les entreprises, la précarité et le modèle de société individualiste véhiculés par le statut de micro-entreprise…
Le thème du 2e mandat sera la souveraineté. Il sera décliné autour de trois axes : l’Armée, l’écologie et la réindustrialisation. Le premier événement sera dédié à l’Armée, avec l’intervention du lientenant-colonel Bertrand Soreau, chargé dans l’Hérault des relations avec les entreprises. L’Armée a une vraie proximité avec les entreprises. En défendant les intérêts de la France à l’international, elle défend les entreprises. L’Armée est aussi un marché pour nos PME : nettoyage, transport, nourriture, entretiens de jardins… Sur le plan de la gestion des hommes, je pense que l’Armée a beaucoup à nous apprendre sur la définition d’un chef, sur la façon de faire avancer les gens autour d’un projet commun, sur le leadership. Écoutons les militaires. Eux aussi doivent gérer des jeunes, et sont confrontés aux difficultés de recrutements. Des entreprises d’ici travaillent d’ailleurs avec l’Armée, comme Paul Boyé (vêtements militaires) à Bédarieux, ou Instadrone (services par drone, Servian) qui recrute d’anciens militaires…
En matière d’écologie, le Biterrois peut s’imposer comme un pôle majeur des énergies renouvelables, entre EDF Renouvelables (centre de supervision européen à Colombiers), le projet Genvia (hydrogène décarbone), des acteurs indépendants comme Dev’Enr ou Qair, ou encore les futurs parcs éoliens offshore développés au large du port de Port-la-Nouvelle dans l’Aude. On ne peut pas continuer de dépendre, sur un plan énergétique, de pays qui ne nous veulent pas du bien. Le projet Genvia amène un espoir très fort à l’écosystème biterrois. Des événements très concrets s’organisent, comme les Rencontres CEA, le 28 mai à l’IUT de Béziers (note : présentation de la démarche CEA, des financements dédiés à l’innovation…), organisées par Ad’Occ, l’IUT de Béziers, Innovosud, la CCI de l’Hérault, Bpifrance et Cap’Tronic. Dans ce contexte, la formation doit davantage se rapprocher des bassins d’emploi industriels, et ne pas se trouver que dans les métropoles. Il faut encourager la décentralisation de certaines filières de formation.
L’eau va aussi devenir un enjeu majeur, qui ne pourra être relevé, entre autres, que par la création de réserves d’eau et de bassines.
En matière de réindustrialisation, je plaide pour la réouverture des mines en Europe. On ne peut pas dire vouloir faire la transition énergétique d’un côté et, d’un autre côté, dépendre de pays hostiles qui extraient des terres rares dans des mines exploitées de façon inacceptable. Il faut un courage politique pour rouvrir les mines en France. Ici, Bédarieux est un possible futur bassin minier. Je sais que c’est un sujet polémique. C’est le rôle d’un syndicat de porter ce sujet sur le devant de la scène. En rappelant que les mines aujourd’hui, ce n’est pas Germinal. Les process sont automatisés, avec des technologies apportant une productivité.

Deux questions en une : quel est le climat des affaires en ce moment, et ta prochaine équipe est-elle déjà constituée ?
L’année 2024 sera compliquée dans la plupart des secteurs d’activité ! Les tribunaux de commerce recrutent, signe d’un accroissement des procédures collectives. Les bilans 2024 des entreprises seront un vrai sujet en 2024, bien plus qu’en 2020, année Covid finalement florissante, entre les aides perçues puis la reprise en flèche post-confinement. Il y a une contradiction : en 2020, tout le monde parlait d’une éventuelle crise économique, qui n’est pas venue. Cette année, peu de médias se penchent sur le sujet, alors que c’est aujourd’hui que le bâtiment, l’immobilier, la consommation…, souffrent.
Concernant ma prochaine équipe, je compte m’entourer de dirigeants de moins de 40 ans, pour préparer la suite. Nous ne sommes que de passage au Medef !

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