Olivier Sarlat, Veolia

2 octobre 2023
Recadrage photo A laffiche 200x200 px 65 - Les indiscretions

« Réutiliser l’eau usée traitée pour de l’eau potable est loin d’être de la science-fiction »

« Changement climatique, quels impacts sur l’eau ? » : c’est sur ce thème qu’Olivier Sarlat, directeur région Sud de Veolia, activité eau, va s’exprimer le 5 octobre à Rodez lors du Festival Horizons Fertiles, organisé par Rodez Agglomération*. Il sera aux côtés de Christian Teyssèdre, maire de Rodez et président de l’agglomération, et Bruno Selas, chargé d’affaires assainissement eau potable petit cycle de l’Agence de l’eau Adour-Garonne. L’occasion de rappeler les mesures prises par Veolia pour permettre aux territoires de surmonter la multiplication des sécheresses. « Trois questions à », la rubrique où le tutoiement est de rigueur.  

Olivier, peux-tu nous rappeler les actions de Veolia pour sensibiliser les collectivités et les populations sur l’enjeu de l’eau ?  
Nous constatons un manque de connaissance sur la question de l’eau et sur les défis auxquels nous devons faire face dans le cadre du changement climatique. Pour nous adresser aux collectivités, Veolia a développé une application qui agrège l’ensemble des études, françaises, européennes, internationales, autour du changement climatique. Cet outil nous rend capable de faire l’état des lieux, collectivité par collectivité, pour informer ces dernières sur la situation de leur territoire : l’état du rechargement des nappes phréatiques, le débit des cours d’eau, l’évolution de leur collectivité à 30 ou 50 ans. Par exemple, à Rodez, d’ici 2050, nous prévoyons une multiplication par trois du nombre de jours de chaleur, et une diminution du rechargement des nappes souterraines de 25 %. Objectif : faire anticiper dès maintenant les investissements.  
Pour la population, nous utilisations la gamification (utilisation de mécanismes du jeu) avec notre application Culture Green : un quiz par semaine pour devenir incollable sur la transformation écologique (problématiques liées à l’eau, la valorisation des déchets, etc.).   

Selon toi, comment les territoires vont pouvoir s’adapter aux sécheresses actuelles et à venir ?  
Les tensions s’accentuent sur les ressources en eau douce, les sécheresses se répètent, le climat des territoires change. Mais des solutions existent ! L’une des meilleures solutions pour sécuriser l’accès à l’eau est la réutilisation des eaux usées traitées (ou « reuse »). Une fois traitées, ces eaux peuvent être destinées à l’irrigation des espaces ou des cultures, à la lutte contre les incendies, aux besoins industriels ou encore aux aménagements et rafraîchissement urbains. Cette solution est encore sous-exploitée aujourd’hui, puisque la France réutilise moins de 1 % de ses eaux usées traitées (contre 14 % en Espagne et plus de 80 % en Israël). Depuis septembre 2020, l’usine d’épuration de Bénéchou (Olemps, près de Rodez), a mis en place un module permettant de produire du « reuse ». 18.000 m3 d’eau sont ainsi économisés chaque année.   
La prochaine étape à long terme serait d’envisager le reuse pour l’eau potable. C’est ce qui est mis en place depuis plus de 20 ans à la station de traitement des eaux usées de Windhoeck, capitale de la Namibie. Elle réutilise et retraite les eaux usées en boucle fermée pour produire de l’eau potable, soit 21.000 m3/jour ! En France, nous sommes loin d’y être, mais cela donne une perspective, qui est loin d’être de la science-fiction.  

Autre enjeu : la réduction des émissions de CO2 des usines de traitement de l’eau. Quelles solutions apporte Veolia pour décarboner les activités liées au service d’eau et d’assainissement ?   
La loi climat-énergie fixe en effet l’ambition de réduire à 0 toute émission nette de CO2, d’ici 2050. Pour y contribuer, Veolia encourage la méthanisation des boues d’épuration, issues du traitement des eaux usées. À partir de ces boues, nous pouvons produire du biogaz, qui peut ensuite être réinjecté dans les réseaux de GRDF. C’est le cas à Perpignan, où une unité de production de biométhane est implantée depuis septembre 2018 dans la station d’épuration. Elle peut fournir l’équivalent de la consommation annuelle de 1.200 foyers. Autre solution : pomper les eaux usées brutes, pour les faire passer dans un échangeur de chaleur à plaques (pour transférer la chaleur entre deux fluides) et ainsi chauffer des bâtiments ou inversement, en récupérant la chaleur des bâtiments pour les restituer dans les eaux usées. Des exemples concrets existent. Veolia accompagne notamment la métropole de Montpellier dans la restructuration de la station d’épuration de Maera.  

*Olivier Sarlat participera à la table ronde « Changement climatique, quels impacts sur l’eau ? », le 5 octobre de 18h à 19h30, organisée par Rodez Agglomération et Veolia lors du Festival Horizons Fertiles à Rodez (amphithéâtre de l’Hôtel d’Agglomération, 17 rue Aristide-Briand). Sarah Nguyen Cao Khuong (Agencehv) animera les échanges.  

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