Recréer une dynamique après l’échec

10 février 2025
Augustin Valero
Augustin Valero, directeur associé de Florian Mantione Institut RH ©DR

Alors que les défaillances de PME s’accélèrent, le sujet du rebond de l’entrepreneur devient prioritaire. Le dirigeant doit être accompagné après avoir connu un échec, notamment par des structures comme 60.000 Rebonds. C’est une façon de prendre conscience de ses qualités, pour mieux se projeter dans l’avenir, explique Augustin Valero, associé avec Loïc Douyère à la tête de Florian Mantione Institut RH.

La leçon anglo-saxonne. La notion d’échec, très péjorative dans nos sociétés européennes, n’a pas du tout la même valeur aux Etats-Unis, où elle est vécue comme une expérience nécessaire. Outre-Atlantique, le fait d’avoir connu un échec fait partie de la formation des individus. Celui qui rencontre des difficultés est celui qui a essayé, pris des risques. Dans les pays anglo-saxons, marqués par une forte valeur travail, l’échec est très valorisé. 

Savoir vendre ses capacités d’entrepreneur. C’est le plus dur, généralement, pour les dirigeants connaissant une épreuve : être capable de transposer leurs expériences et compétences, pour les mettre au service de nouveaux projets. Ils ont souvent du mal à les formaliser pour « se vendre », car ils ont développé ces atouts de façon intuitive. Les entrepreneurs en difficulté doivent prendre conscience qu’ils ont développé de multiples qualités : résilience, créativité, aptitude à la prise de risques, énergie, expérience dans le management, connaissance pointue d’un domaine d’activité, capacité à définir des stratégies… Pour bien l’appréhender, il ne faut pas hésiter à se rapprocher de conseils privés ou d’associations. 

Un ex-entrepreneur peut devenir salarié. Pour que cela fonctionne, son employeur doit lui trouver un challenge, assorti d’objectifs clairs – développer des marchés, chercher de nouveaux clients… Il doit aussi se poser des questions au moment d’embaucher un ancien dirigeant : ‘Que suis-je prêt à lui déléguer ? Jusqu’où ?’

Rompre l’isolement. Pouvoir partager les épreuves traversées avec des confrères, voire des concurrents, est un bon moyen d’avancer. Aussi, le dirigeant ne doit pas vivre sa vie d’entrepreneur de façon solitaire, mais au contraire fréquenter les réseaux, qu’ils soient professionnels, associatifs, culturels, sportifs… En matière patronale, les entités jalonnent la vie de l’entrepreneur : CJD ou JCE en début de carrière ; Puis, des réseaux plus institutionnels, tels que les syndicats patronaux (Medef, CPME) ou de branche, et la CCI. Ce sont autant de lieux d’apprentissage, d’expérimentation, de découverte, qui contribuent à former l’entrepreneur tout au long de son parcours, et permettent de s’appuyer sur des soutiens en cas de de difficulté.

60.000 Rebonds recrée une dynamique. Très présente en Occitanie, et véritable moyen de redonner confiance au dirigeant, l’association 60.000 Rebonds accompagne les créateurs ou repreneurs en situation difficile. Grâce aux conseils de coachs bénévoles, de parrains et marraines, ces derniers retrouvent une estime d’eux-mêmes, souvent écornée, et bénéficient de conseils sur des thèmes-clés, comme le rebond sur le marché de l’emploi, ou encore les aspects juridiques et financiers pour ceux qui veulent relancer une activité. Il est primordial que le dirigeant traversant une épreuve prenne conscience de sa valeur ajoutée, ce qui peut être occulté par la situation vécue.
« Grâce au programme de 60.000 Rebonds, je me suis rendue compte que je n’avais pas rien fait pendant 8 ans. J’ai réussi à voir le positif. Je dirige à nouveau une entreprise agroalimentaire à Montpellier, Agriviva », témoigne ainsi Laure Vidal, ex-dirigeante d’Il était en fruit, qui a connu la liquidation de sa startup (Les Indiscrétions du 27 janvier, à lire ici). 

Engagé dans 60.000 Rebonds : une action RSE. Florian Mantione Institut RH est à la fois membre fondateur de l’antenne locale et mécène de 60.000 Rebonds. Consultante à Florian Mantione Institut RH, Marie-Laure Le Van Vo est référente en Occitanie Est et coprésidente de 60.000 Rebonds Occitanie. À ses côtés, plusieurs autres consultants du cabinet sont engagés à travers des actions de coaching et de parrainage. Pour une raison simple : le rebond du dirigeant fait partie de notre écosystème. C’est une démarche RSE, lancée en 2024, dans la lignée de notre adhésion à FACE dans le domaine de l’emploi. Nous y apportons notre expertise : beaucoup d’anciens dirigeants n’ont jamais déposé un CV ! Comment valoriser leurs expériences ?

Certains souhaitent repartir sur une création ou reprise, d’autres, traumatisés par la dureté, y compris financière, de l’échec vécu, aspirent plutôt au confort du salariat.
Nous invitons d’ailleurs les entreprises à devenir mécènes, et leurs dirigeants à s’engager bénévolement dans cette association.

Phase de deuil. Le processus de rebond s’inscrit dans le temps long. Un deuil de quelques mois est nécessaire. Il faut prendre le temps de tourner la page. Les périodes de liquidations ou cessions de l’entreprise laissent des plumes, financièrement et moralement. L’image de soi et la vie familiale sont impactées. Dans les entretiens que nous menons, on perçoit une très grande souffrance.  

Prochaine « Tribune partenaire » de Florian Mantione Institut RH : semaine du 3 mars

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