Du nichoir à l’IA : la relève scientifique pitche sa thèse en 180 secondes 

7 avril 2025
IMG 5192 - Les indiscretions

Le 28 mars, Les Indiscrétions, par le biais de son journaliste, Jules Mestre, ont eu l’honneur de faire partie du jury de la finale régionale du concours Ma Thèse en 180 secondes Occitanie Est. Une soirée rythmée par les pitchs de 20 doctorants dont nous avons déjà parlé dans la newsletter de la semaine dernière (juste ici).

Et cette soirée a été marquée par des candidats qui ont su saisir l’attention du public mieux que les autres, après trois journées de coaching aux côtés de « Patrick, Marc et Pascaline, indique Klara Asselin, deuxième prix du Jury 2025. Ils nous coachent sur le fond, la forme et la manière d’occuper l’espace sur scène. Notre sujet, en 3 minutes, c’est 500 mots, grand max ! » 

Pour le premier prix, jury et public sont tombés d’accord : Jérémy Defrance a reçu les deux palmes : en juin, il représentera l’Occitanie Est à la finale nationale, à Paris, avec sa thèse sur l’« Évaluation du rôle de la variation spatio-temporelle des ressources sur la différenciation observée chez la mésange charbonnière Parus major en habitat urbain ». 

« Beaucoup d’études se sont intéressées à l’alimentation pour une même espèce entre la ville et la forêt, explique-t-il aux Indiscrétions. Pour la mésange charbonnière, en ville, elle est plus petite, plus pâle, et on observe des différences sur la reproduction ». Il a notamment installé des caméras dans 40 nichoirs pour observer les différences au niveau de la ponte d’œufs. 

Originaire de Charly (69), Jérémy Defrance rêvait d’une carrière de vétérinaire « quand il était petit ». Après son bac, il enchaîne deux IUT à Lyon : le premier en génie chimique, par défaut, « parce qu’il n’y avait que 110 places pour 1200 demandes en génie biologique ». Puis un deuxième en génie biologique. Il file ensuite à l’École normale supérieure de Lyon pour 4 ans, et le voilà en deuxième année de thèse à Montpellier. Une thèse qu’il prépare au sein du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, sur le campus du CNRS de Montpellier. « C’est pour ça qu’il y avait beaucoup de monde pour me soutenir à la finale régionale de Ma Thèse en 180 secondes : ce laboratoire compte 300 personnes, dont 100 doctorants, c’est l’un des plus gros de France », sourit-il. Pour la suite ? « J’ai prévu de modifier légèrement mon texte pour la finale nationale. Et une fois ma thèse soutenue, j’aimerais être enseignant chercheur. Une période de “post-doc” le temps de trouver un poste, et ce sera parfait ». 

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Klara Asselin, deuxième prix du jury, est la seule des 20 candidats à n’être qu’en première année de thèse. Son sujet : « Quelles sont les implications de la reproduction sexuée dans les processus cancéreux ? ». Parti d’un constat existant selon lequel plus un homme a un enfant à un âge avancé, plus cet enfant a des chances de développer des cancers plus tard, la doctorante de l’Université de Montpellier développe un modèle mathématique sur l’évolution des choix des femmes qui ont tendance à aller vers les hommes plus âgés. « Les organisateurs du concours disent que c’est mieux d’avoir au moins un an de thèse derrière soi, explique Klara Asselin aux Indiscrétions. Je n’ai commencé qu’en octobre, et ça ne s’est pas trop mal passé pour moi… (rires). L’exercice était plus simple pour moi. Ceux en troisième ou quatrième année ont plus de résultats à présenter ». Originaire de Nice, Klara Asselin a suivi une licence de biologie écologie et écosystème à l’Université Côte d’Azur, avant un master épidémiologie à Montpellier. Désormais, elle travaille sur sa thèse au CNRS, dans l’équipe CREEC. 
Pour la suite, elle espère continuer à travailler dans la recherche, « pourquoi pas dans d’autres universités. La recherche, c’est un peu l’enfer : on enchaîne des CDD à l’issue de la thèse (période post-doctorale, note) et on passe des concours du CNRS pour décrocher des CDI. C’est si dur que j’ai encore des collègues entre 40 et 50 ans qui enchaînent les CDD… » 

Enfin, Sandra Victor complète le podium. Son sujet : « Analyse et modélisation hybride informatique des comportements humains lors de l’interaction avec des agents automatisés intelligents ». Plus simplement, elle compte coder un message informatique à intégrer dans des voitures autonomes pour que ces dernières prennent de nouvelles données en compte au moment d’analyser leur environnement, comme la taille des piétons qui s’apprêtent à traverser la route. « Sur l’échantillon de piéton interrogé, je constate que la taille va jouer sur le moment où on traverse. Les plus petits ont plus tendance à traverser », explique-t-elle, aux Indiscrétions. Sandra Victor travaille sur sa thèse dans le cadre d’un projet européen, AI4CCAM. Ce projet développe la conduite autonome en Europe et étudie la confiance des personnes envers cette innovation. Aujourd’hui au LIRMM, laboratoire financé par le CNRS, Sandra Victor vient d’Ozouer-le-Voulgis (77). Après son bac, elle se lance dans une licence de physique à Sorbonne Université (Paris). Lassé par les transports, et avide de soleil, elle choisit Montpellier, et un master d’informatique pour continuer ses études. Elle travaille ensuite sur le développement d’une IA pour la prise de décision, avant de se lancer dans le sujet de sa thèse. « Ça mêle jeux vidéo, technologie et réalité virtuelle, c’est parfait, sourit Sandra Victor. Dans 8 mois, si tout va bien, je soutiens. Après ? J’aimerais rester dans l’IA, mais me diriger vers des entreprises. J’ai l’impression que mes collègues récemment diplômés réussissent plutôt bien à trouver du travail à la sortie, je vais croiser les doigts ». 

« Je suis également ravie de savoir que la vidéo de mon pitch va être envoyé dans tous les lycées d’Occitanie pour entraîner les lycéens au Grand Oral du bac. Je crois que les six premiers sont concernés, mais je ne suis pas sûre de savoir qui sont les 4e, 5e et 6e », s’interroge Klara Asselin. Les voilà, dans l’ordre : Dylan Ruart pour sa thèse « Manipulation des senseurs de l’immunité innée par la bactérie furtive Coxiella burnetii », Gustave Bertier pour « Comprendre la génération des micros et nanoplastiques » et Caroline Paire, « Acceptation des vins issus de variétés résistantes par les consommateurs et élaboration d’un argumentaire commercial pertinent ».