
À l’occasion de la 11e Nuit des Entrepreneurs, organisé par le Medef Hérault Montpellier le 8 avril au Pasino de La Grande-Motte (34), le syndicat patronal alerte sur les conséquences des taxes Trump, du versement mobilité régional, ou encore sur la nécessité de réduire les charges sociales des entreprises. Les Indiscrétions étaient présentes. Morceaux choisis.
Ne pas surréagir. « Il va nous falloir résister à la guerre économique, notamment avec l’annonce de Trump et de son équipe de la mise en place d’un droit de douane de 20 % (taxes suspendues depuis par l’exécutif américain, ndlr), tempête en introduction de la 11e Nuit des Entrepreneurs Jean-Marc Oluski, président du Medef Montpellier. Il faut des mesures de rétorsions calibrées. Il ne faut pas surréagir pour ne pas créer un phénomène d’inflation préjudiciable à notre économie ». Il poursuit : « S’il devient trop compliqué de vendre aux Etats-Unis, il faut se tourner vers l’Asie, l’Amérique du Sud, ou encore le Canada. » Pour cela, le Medef accompagne les entreprises souhaitant se développer à l’export à travers sa structure « Medef International ». « Nous les aidons à exporter dans les pays du Maghreb, en Asie, au Moyen-Orient, au Canada, dans les pays de l’Est (hors Russie)… », énumère Jean-Marc Oluski.
Augmenter la TVA. Le président du Medef Montpellier revient également sur le coût du modèle social. « Le modèle social de notre pays ne pourra pas continuer de cette façon. Il doit y avoir une réforme pour en réduire les coûts et améliorer la compétitivité des entreprises », scande-t-il. C’est en ce sens que le Medef a proposé la mise en place d’une TVA sociale. « Nous proposons d’augmenter de 1 ou 2 % la TVA afin de compléter le déficit de la protection sociale », explique Jean-Marc Oluski.
Versement mobilité régionale (Les Indiscrétions du 10 février, à relire ici). « Ce versement n’est ni plus ni moins qu’une taxe mise en place pour trouver des accords dans le cadre du plan de financement de la sécurité sociale. C’est un impôt supplémentaire de 15 % pour les employeurs de plus de 10 salariés, pour financer les transports », rappelle Jean-Marc Oluski. Le versement mobilité régional a été proposé aux Régions, et « seules les Régions Occitanie et Sud ont décidé de l’appliquer en 2025. Ce n’est pas raisonnable », souffle-t-il.
Soutenir les ENR. Parmi les vocations du Medef, soutenir les secteurs d’activité en difficulté. « C’est notamment le cas des acteurs des énergies renouvelables, pour qui le gouvernement a décidé de façon unilatérale de baisser le coût de rachat de l’électricité (pour les petites surfaces, ndlr), déplore Jean-Marc Oluski. Nous avons créé un groupe d’actions qui intervient face aux interlocuteurs qui ne sont pas toujours facilitateurs pour les installations d’ENR. »
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Quoi d’autres ? À retenir de cette 11e Nuit des Entrepreneurs : le Medef Montpellier continue d’œuvrer pour que les femmes prennent des mandats au sein du syndicat patronal à travers Femmes du Medef ; le projet « Aller à l’école » poursuit son cours avec des chefs d’entreprises qui se rendent dans les écoles pour expliquer leurs métiers aux jeunes et créer de potentielles vocations ; une commission dédiée à l’IA est lancée afin que toutes les entreprises prennent le train de l’IA et optimisent ses process.
Contraction de l’activité. En dernière partie de l’événement est intervenu Anthony Benhamou, économiste et auteur de l’œuvre On parie que vous allez aimer l’économie ! (Éditions Ellipses). « En 2024, la France affiche une croissance du PIB de 1,1 %. Pour autant, près de 26 % des chefs d’entreprises reportent, voire annulent leurs investissements », déclare-t-il. Une tendance qu’il explique par le fait que la croissance vienne d’une amélioration relative de la balance commerciale (déficit réduit à 84 Mds€ en 2024 contre 100 Mds€ en 2023) et d’une forte hausse des dépenses publiques. « Cette croissance ne vient pas des éléments basiques, à savoir le pouvoir d’achat des ménages et l’investissement des entreprises », appuie l’économiste.
Des formations pas adaptées aux besoins des entreprises. « Du côté du recrutement, il y a un léger progrès avec 20 % des entreprises qui ont du mal à recruter. Mais ce n’est pas normal d’avoir des difficultés de recrutement alors que le taux de chômage est à 7,5 %. En Allemagne, nous pouvons comprendre que les entreprises aient du mal à recruter car le taux de chômage est à 3 % », compare Anthony Benhamou. D’un point de vue macro-économique, le sujet de la formation est mis sur la table. « Il y a une inadéquation entre les compétences des candidats et les offres d’emploi à pourvoir », analyse-t-il.
Stratégie européenne. « Ce qui se passe aux États-Unis, notamment avec les droits de douane de Trump, pourrait avoir des conséquences sur l’Europe », indique Anthony Benhamou. Il poursuit son analyse : « Aux États-Unis et à travers son droit de douane, Trump incite les entreprises à venir s’installer sur le sol américain dans la volonté de réindustrialiser le pays. Du côté de la Chine, ils inondent le monde avec leurs produits en améliorant la compétitivité prix et hors prix (la qualité notamment, note). Et nous, en Europe, nous faisons des rapports, nous établissons des normes, nous expliquons même pourquoi ça ne va pas. Il y a une urgence à mettre en place une stratégie européenne pour ne pas être en retard vis à vis de nos concurrents américains ou chinois. »