On s’en fout

14 avril 2025

Un pas après l’autre, et après l’autre. Mais pourquoi sommes-nous si nombreux à courir ? Comme, par exemple, ce 13 avril, à Paris pour le marathon, ou à Montpellier pour le Run Festival (10 km, semi et marathon), aux tarifs pourtant proches d’une paillote de bord de mer ? Court-on après des souvenirs ou des êtres perdus ? Fuit-on quelque chose ? Est-ce juste un repère pour son équilibre interne ? Un prétexte pour se retrouver entre copains ? Un défi de dernière minute lancé sur les réseaux sociaux ? Veut-on prouver quelque chose à soi-même, aux autres ? Cherche-t-on secrètement cet instant d’endorphine, où l’on se sent étrangement bien, pendant l’effort, et longtemps après ? Aime-t-on souffrir pour transcender le quotidien ? Sentir cette bonne énergie partagée, pendant la course, dans le silence cadencé des foulées ? A-t-on envie, selon la plaquette de communication, « de dépasser ses limites » ? Ce qui ne veut pas dire grand-chose, physiologiquement parlant : car en sport, une fois qu’on a atteint ses limites, on a une crampe ou un point de côté, et on doit ralentir, voire abdiquer. On ne « dépasse pas », on affronte un mur. Les ‘fondeurs’ (coureurs longue distance) et les cyclistes, parfois sujets aux fameuses ‘fringales’, le savent bien.
Vous l’avez compris : on contracte la fièvre du running pour bien des raisons. Ce 13 avril, en me mêlant au semi-marathon de Montpellier, j’en ai trouvé de nouvelles. Le plaisir de se mêler à cette foule de participants, souvent jeunes. Comme une cure de jouvence. Cette participation croissante des 20-40 ans à des courses urbaines ou des trails en nature est un vrai phénomène de société. Quand j’ai commencé à y participer, en 1994 précisément, les jeunes gens étaient alors minoritaires. Les choses se sont inversées depuis, et c’est heureux. Ah oui : il y a aussi, et surtout, le goût de se faire mal, un dimanche matin, pour s’élancer à 8h du matin, sous la pluie. En fait, ça ne s’explique pas. 

Share This