Face à la sécheresse, l’agriculture occitane veut devenir un « Eldorad’eau » 

7 juillet 2025
Design sans titre 4 - Les indiscretions
Plusieurs acteurs de l’agriculture en Occitanie se sont retrouvés à la Maison des Vignerons, à Narbonne pour échanger à la suite des incendies de l’Aude. ©DR

La Région Occitanie, vulnérable au changement climatique, veut accélérer sa transition hydrique. Réunis à Narbonne le 2 juillet, la Chambre régionale d’agriculture, le CESER Occitanie, les Jeunes Agriculteurs et plusieurs acteurs économiques lancent un appel commun pour faire de la gestion de l’eau un chantier prioritaire à la suite des importants incendies qui ont touché l’Aude, fin juin. 
Cet appel s’appuie sur des chiffres alarmants : en une semaine, plus de 400 hectares sont partis en fumée dans les Corbières et le littoral audois. Les températures des sols frôlent les 60 °C en été, la matière organique chute sous 1,4 %, et la température de la Méditerranée dépasse les 26 °C. Pour Gérard Bertrand, viticulteur audois et figure régionale de l’agriculture durable, « l’Occitanie a tous les atouts pour devenir l’Eldorad’eau, à condition d’anticiper, de décider et de rassembler ».

« Ne pas garantir l’accès à l’eau aujourd’hui, c’est renoncer à l’autonomie alimentaire et à l’excellence de nos produits », résume Denis Carretier, président de la Chambre régionale d’agriculture. « Dans dix ans, il sera trop tard. L’Occitanie peut devenir un modèle de résilience, ou devenir une terre de renoncement », souligne Jean-Louis Chauzy, président du CESER. Cette conférence de presse réunie en urgence soulève six axes d’améliorations. 

> Sur le même sujet : « Eau : l’alerte d’Aqua-Valley, l’appel de Bages de la Région Occitanie », Les Indiscrétions du 4 novembre 2024, à croquer ici

Découvrir les six mesures « à amplifier d’urgence » en cliquant ici

Garantir et développer l’approvisionnement en eau prélevée dans le Rhône, d’ici 2030, via Aqua Domitia 2, selon une procédure accélérée afin de mailler le territoire et d’utiliser « une petite partie des 64 milliards de m3 d’eau douce du fleuve qui sont déversés dans la mer chaque année (1 à 2 milliards de m3 suffiront) sans compromettre l’avenir ni la vie des milieux ». 

Capturer et stocker l’eau de pluie. L’Occitanie reçoit 68 milliards de m³ de précipitations par an. Des retenues hivernales peuvent être créées car elles sont la garantie d’une utilisation estivale, une source de biodiversité et d’une lutte efficace contre les incendies. 

Déployer rapidement le recyclage des eaux usées traitées, notamment dans l’agriculture, l’agroalimentaire et l’aménagement urbain. « Les technologies existent. C’est aujourd’hui la réglementation qui freine », constatent les acteurs. 

Sécuriser la souveraineté alimentaire de la région. 150.000 emplois agricoles sont concernés, « et les jeunes agriculteurs ne s’installeront pas sans garantie d’accès à l’eau. Il s’agit d’irriguer non pour surproduire, mais pour maintenir la vie agricole ». 

Accélérer les études et la cartographie des besoins. Un inventaire des projets est en cours, mais les moyens « doivent être doublés pour en faire un outil de pilotage opérationnel dès 2026 ». 

Assouplir le cadre réglementaire : des expérimentations territoriales « doivent pouvoir être menées sans délai. La loi sur l’eau date de 1964 ; elle doit évoluer pour répondre à l’urgence écologique. »

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