Secondes Rencontres des EnR de Montpellier Méditerranée Métropole : « La France est à contre-courant », selon Delafosse

15 juillet 2025

Structurer la filière des EnR (énergies renouvelables) sur le grand Montpellier, pour affronter les vents contraires – acceptabilité, opposition de la droite et de l’extrême-droite au développement de la filière, tensions budgétaires… C’était l’esprit des 2e Rencontres des EnR de Montpellier Méditerranée Métropole, ce 10 juillet à la Halle de l’Innovation, devant 150 acteurs professionnels. 

2nd rencontres des ENR
©DR

« Les EnR n’ont pas besoin de la métropole pour se développer sur le territoire. Ce qu’on peut apporter, c’est aider l’écosystème, avec les entreprises, l’Université de Montpellier et les laboratoires de recherche, pour fonctionner en réseau, chasser en meute et répondre aux défis de l’innovation, déclare Michaël Delafosse en conclusion de ces Rencontres des EnR. Les groupes de travail identifient des enjeux. Il faut se protéger. La France est à contre-courant de la transition énergétique, quand on voit les politiques menées au Maroc ou en Allemagne. Le niveau du débat parlementaire atteint un niveau de médiocrité… Qu’un amendement soit proposé pour mettre un moratoire sur les projets photovoltaïques et éoliens… À part vouloir être l’allié de M.Poutine, je ne sais pas ce que c’est, à part du populisme. On doit être très agiles, car les courants vont être contraires. Les prises de parole vont être importantes, et doivent être coordonnées. Il y a un travail à faire sur l’acculturation des élus, sur le poids économique des énergies renouvelables, les emplois créés et non délocalisables. On sent qu’avec le discours de Stéphane Bern (anti-éolien, ndlr), une géographie inédite se met en place. Pour l’élection de 2027, ce débat sera un sujet. Il faut rappeler les conséquences de la guerre en Ukraine, la garantie qu’apportent les EnR sur le prix de l’énergie… La question énergétique va être dans le débat démocratique. Elle ne peut pas se résumer à un enjeu esthétique, même si cet enjeu compte. Le développement du mix énergétique à l’échelle des territoires est un besoin, et il faut le marteler. » Sur les délais d’instruction des projets des développeurs : « L’administration parfois surcontrôle, ce qui me met très en colère. Signalez-nous les projets retardés, pour qu’on fasse remonter au préfet de l’Hérault. »  

Géothermie. Deux heures d’échanges, au cours desquels il a été beaucoup question de géothermie, énergie souterraine à la fois peu développée et prometteuse. D’abord avec Mariane Peter-Borie (Look Up Geoscience). Puis lors d’une table ronde, avec Camille Maurel (BRGM), Adèle Martin (Engie Solutions France), Guillaume Germain (Celsius Energy), Louis Rovira (Altémed, pôle énergies), Roger Soliva (Université de Montpellier) et Philippe Lesoil (Maïa Energy).

Enjeux-clés identifiés :  
. La Formation et l’emploi. « Ce n’est pas tout d’avoir une machine. Il faut aussi une équipe et des ressources, c’est la difficulté en France, où l’on ne compte que 60 foreurs qualifiés », glisse Philippe Lesoil.  
. L’aspect réglementaire, avec un seuil limité par projet à 500 kW, qui doit être remonté à 2 MW, « pour limiter le recours à des permis miniers, qui nécessitent des études d’impact, une enquête publique… » (Guillaume Germain).  
. La question du coût, encore élevé. « Un fonds de garantie dérisque les projets, avec un plafond de remboursement via des assurances lorsque la ressource espérée n’est pas au rendez-vous. »  (Adèle Martin).  
. L’insertion de la géothermie en milieu urbanisé est un atout car elle est invisible. Comme ces logements sociaux d’Un toit pour tous (Nîmes), « désormais climatisés grâce à la géothermie dans le cadre d’un projet de rénovation globale », souligne Guillaume Germain. Autres exemples exposés : le complexe Massane Horizon Resort (groupe Eoden) à Baillargues (34), avec 31 puits forés, Altémed à la fois à Cambacérès (plus grande centrale de géothermie de France) et à Pérols (la géothermie sera intégrée dans le programme immobilier à venir face au Liner) etc.  

Groupes de travail. Un point d’étape a été dressé sur l’avancée des 4 groupes de travail du Cluster des EnR de 3M, mis en place en décembre dernier sur le forum Energaïa : emploi / formation (pour rapprocher les compétences et les personnes éloignées de l’emploi du besoin des entreprises, afin que les postes ne soient pas pourvus que par des nouveaux arrivants), enjeux réglementaires (le rôle de lobbying auprès des élus et des parlementaires), la Métropole démonstrative (en termes de flexibilité et de stockage notamment), l’attractivité et rayonnement de la filière.  

Bataille idéologique à gagner. « La bataille idéologique des EnR se gagnera aussi en les expliquant mieux aux consommateurs finaux qui, bien souvent, s’y perdent dans les tarifs, les technologies, etc., glisse Grégory Lamotte (Voltalia) hors micro. On a face à nous des partis populistes qui attribuent la hausse des prix de l’énergie au développement des EnR. C’est faux, mais c’est facile à comprendre. » 

Animation mixte. Agencehv (Hubert Vialatte et Julie Plaza) a eu le plaisir de coanimer cette édition. Le 10 juillet, c’était le dernier jour de Julie Plaza au sein d’Agencehv, après 8 mois aussi brillants qu’efficaces. Agencehv a déjà animé la première édition des Rencontres EnR de 3M, en juin 2024, avec Sarah Nguyen Cao Khuong, de retour dans l’équipe après un areuh événement. Nos références en matière d’animation de débats accessibles en cliquant ici.

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