« Vous voulez produire des moustiques ? Ah ça non ! » Lorsqu’il apprend les premiers mots du projet de la startup Terratis, Michaël Delafosse, maire de Montpellier, réagit vertement. « On reçoit beaucoup de plaintes de citoyens à propos des moustiques », explique-t-il à Clelia Oliva, chercheuse et fondatrice de Terratis. Si l’anecdote, bien réelle, prête à sourire, elle résume l’originalité de l’innovation portée par la jeune pousse montpelliéraine : produire des moustiques mâles stérilisés par rayonnement, puis les relâcher, chaque semaine, dans des zones à protéger, pour limiter la prolifération des femelles sauvages. Ces mâles stérilisés s’accouplent avec les femelles, sans produire de descendance.
Première étape pour Terratis : le lancement d’une usine pilote, dans la zone d’activité Parc 2000 (quartier Mosson, Montpellier), pour vendre des insectes stériles à partir d’avril. « Nous commencerons sur des sites de 50 à 100 hectares, en fonction de notre capacité de production. Les premiers clients sont des villes et des acteurs privés de l’hôtellerie de plein air », confie Clelia Oliva, qui a suivi ses études supérieures à l’Université de Montpellier. Pour une efficacité, il faut produire 3.000 moustiques stériles par hectare (seuil à partir duquel la majorité des femelles s’accouplera avec des mâles stériles). Terratis cible une capacité de 1.000 hectares en 2027.
En parallèle, la phase industrielle se profile. « Nous cherchons un site pour implanter une ferme d’élevage d’insectes, sur 4.000 m2 de bâti, pour pouvoir traiter jusqu’à 40.000 hectares. S’y trouveront des larves et des moustiques à l’état adulte, une zone de stérilisation, un laboratoire… Il s’agira d’une véritable usine, avec des enjeux d’automatisation, pour réduire les coûts et accroître la productivité. » Le souhait premier est de rester en Occitanie, a priori à Montpellier. « La décision relative à la localisation de la future bio-usine doit être prise avant fin 2025 », glisse-t-elle. Terratis compte 7 salariés, et 5 de plus sont prévus en 2025, sur des profils de production, robotisation, automatisation et chercheurs.
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Résultat de la technique : une diminution de la population de l’espèce ciblée, sans avoir recours aux pesticides. D’après l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement), la fertilité des moustiques sauvages est réduite, avec la technique de l’insecte stérile, de 60 % à 70 % dès la première année, et la population de moustiques femelles chute de 40 %.
Cette solution prometteuse va être testée à différentes échelles : ville, quartier, parc, aéroport, camping, hébergement touristique…
Dès ses premiers pas, l’entreprise a été soutenue par la Région Occitanie, avec une subvention de 10 k€. « Cette aide anté-création a été décisive. Elle m’a permis de travailler sur une étude de marché et un plan de communication, en lien avec mon futur associé, Dorian Barrère, en charge des aspects commerciaux », conclut-elle. L’écosystème dans lequel s’épanouit Terratis est aussi constitué de Montpellier Méditerranée Métropole, le BIC, la CCI 34, la Satt AxLR et l’IRD.