C’est un possible coup de massue pour le secteur des EnR, en pleine préparation de la loi de programmation énergétique. La droite, soutenue par l’extrême-droite, introduit le 19 juin un moratoire « immédiat sur toute nouvelle installation éolienne et photovoltaïque ». Vote à prendre avec des pincettes, car des navettes parlementaires sont en cours. D’après Stéphane Bozzarelli (Cemater), « 100.000 emplois sont directement menacés au niveau national » (80.000, selon France Renouvelables). Pour que la loi soit rejetée ce 24 juin au soir, les adhérents de Cemater ont contacté leurs députés par courrier, dont le modèle a été transmis à la presse. « Nous ne comprenons pas ce vote, qui met gravement en cause notre secteur. Surtout, nous voulons alerter sur la portée de cet amendement : non seulement une telle disposition est irresponsable au regard des enjeux climatiques et énergétiques, dont chaque semaine nous rappelle pourtant l’urgence, mais elle est dévastatrice pour les centaines de projets en cours partout sur le territoire, qu’ils soient portés par des collectivités, des entreprises ou même des ménages. » D’après France Renouvelables, « ce moratoire prendrait en otage l’ensemble des Français pour, au moins, les 15 prochaines années, en enfermant délibérément notre pays dans sa profonde dépendance aux énergies fossiles importées ».
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« Des décisions peuvent sembler affaiblir les EnR, mais il n’y a pas de volonté de l’État de le tuer, confie Katia Sigaud, DG d’Arkolia (250 salariés, CA de 230 M€, Mauguio – 34). Il y a des maladresses par éloignement du terrain. N’oublions pas la réglementation européenne NZIA (Net-Zero Industry Act, visant à produire au moins 40 % dans l’UE ses besoins annuels en technologies stratégiques, notamment les panneaux photovoltaïques, les batteries et les pompes à chaleur). La France devra la suivre. »
Avant d’ajouter : « Poutine a le gaz, Trump a le pétrole, la Chine a le charbon. L’Europe est le premier continent à se retrouver face aux réalités d’un monde fini, avec des ressources pas illimitées. Notre continent doit trouver des solutions pour produire son énergie autrement que par des importations. Et le gouvernement veut réindustrialiser. On le voit avec deux gigafactories en préparation : Carbon à côté de Fos-sur-Mer (13) et Holosolys à Sarreguemines-Hambach (57). »
> Katia Sigaud intervient ce 26 juin sur le campus Ynov (Zac Cambacérès, Montpellier) lors du Club MedVallée (Banque Populaire du Sud / Montpellier Méditerranée Métropole). Inscriptions en cliquant ici
Enerplan, syndicat des professionnels de l’énergie solaire, complète : « Cet amendement a été adopté dans un hémicycle clairsemé, par 65 voix contre 62. Il vient en totale contradiction avec un autre amendement, adopté le même jour, qui oblige la France à augmenter de 30% sa part de production d’électricité renouvelables d’ici à 2030, ce qui passe par un accroissement considérable des centrales solaire et éoliennes. »