
Des « incivilités constantes et croissantes » (Lamine Gharbi, Cap Santé), des « femmes entrepreneures exposés de plus en plus à la violence » (Sandrine Bignoli, Femmes Chefs d’Entreprise 34) : les enjeux d’insécurité se sont invités lors du débat du Cercle Mozart, le 30 avril à la Clinique Saint-Jean (Saint-Jean-de-Védas, 34). « Le personnel vit au quotidien la montée de l’impatience, relève Lamine Gharbi, dirigeant de Cap Santé (Pézenas – 34) et président de la Fédération de l’Hospitalisation Privée. Le merci devient rare. J’aimerais que l’on rende hommage au personnel soignant (qu’il fait applaudir par l’assistance du think tank, dans les murs de sa clinique, ndlr). À Ganges, deux bandes rivales ont réglé leurs comptes sur le parking devant la clinique. Le personnel a soigné immédiatement un blessé, malgré la peur légitime ressentie. »
« Nous vivons, en tant qu’entrepreneuses, des vols de véhicules et de matériel. On paie cher des assurances. Nous comptons aussi sur les hommes pour assurer notre sécurité. Car, pour ma part, je n’ai pas envie d’être musclée comme un homme ! », complète Sandrine Bignoli.
« Être innovant ». « Les narcotrafiquants ont des techniques supérieures aux autres. Il faut qu’on innove, concède le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch. La lutte contre les narcotrafiquants s’inspire de la lutte antiterroriste. Les émergences du trafic adoptent des formes nouvelles : dans les réseaux sociaux, les boîtes aux lettres, les Airbnb. Nous travaillons sur la fermeture de commerces, qui sont des excroissances en termes de blanchiment d’argent, et sur des actions sur les consommateurs. »
Les opérations Place nette « ne sont pas de la communication, se défend l’ancien chef de cabinet de l’Elysée. Il en reste toujours quelque chose. Ici, 140 individus ont été interpellés, dont 120 placés en garde à vue. On y trouve de vrais trafiquants. Le problème, c’est que le trafic s’adapte tout de suite. Nous touchons les strates intermédiaires, qui se reconstituent tout de suite.
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« Ennuyer les trafics ». Benoît Desmartin (DIPN) recense dans l’aire de Montpellier « 30 ans de points de deal tenus H24. C’est tout à fait nouveau ». Il entend riposter de façon diversifiée, entre « forte visibilité, par un pilonnage quotidien sur les points de deal, pour ennuyer les trafics » et « prévention situationnelle, en lien avec la Ville de Montpellier ». Illustration de cette relation entre les polices nationale et municipale, l’inauguration prochaine du Carré Uranus dans le quartier Mosson, avec, au rez-de-chaussée, la présence de deux commissariats, l’un national, l’autre municipal.
« Un continuum de sécurité ». « La première action, c’est de coordonner nos forces, de créer un continuum de sécurité. Le lien maire-préfet apporte un gage d’efficacité et d’autorité, déclare d’ailleurs le maire de Montpellier, Michaël Delafosse. Avant, les polices nationale et municipale ne travaillaient pas ensemble, voire même, se faisaient concurrence. Des maires ne parlent jamais avec le préfet. Moi, c’est presque tous les jours. »
Il évoque aussi le recrutement, pendant son mandat, de 50 policiers municipaux, et la mise en place d’une police métropolitaine des transports (42 agents) et d’une brigade de sécurité du logement social, notamment pour expulser les locataires utilisant leurs logements pour s’adonner au narcotrafic. « Dans ce cas-là, il y a zéro impunité. Dans l’entourage de ces appartements, plus personne n’ose rester habiter. C’est un régime de terreur qui s’installe. »
L’élu plaide aussi l’importance de la « posture. Il faut se constituer partie civile. Jamais je n’oublierai le regard des agents de la Tam (réseau de transport en commun de la métropole de Montpellier, ndlr), quand je me suis rendu au procès (en septembre 2022, ndlr) pour m’asseoir à côté d’eux, sur le banc des victimes, face à celui qui avait mis un coup de couteau à un agent de la Tam ».