
Agacés par un traitement médiatique local jugé déséquilibré (en clair : la parole aux seuls opposants) et infondé (cherchant à introduire un lien avec l’arrêt de l’A69, alors que les dossiers sont très différents), le monde économique et institutionnel apporte, ce 7 avril, un soutien au projet du contournement ouest de Montpellier, concédé par l’Etat à Vinci Autoroutes et prévu à l’horizon 2030. Soutien surtout défensif, car, pour l’instant, le projet suit son cours. « C’est au cas où », admet André Deljarry, président de la CCI 34.
Soutien défensif mais déterminé. « Tout peut être contesté, mais il est temps de montrer une détermination, déclare André Deljarry, président de la CCI Hérault. L’aire de Montpellier ne peut pas accueillir 10.000 habitants de plus chaque année et garder son secteur ouest aussi congestionné. » Pour lui, le COM est « un ouvrage indispensable et crucial » : il permettra de désengorger le centre-ville, de favoriser le transport multimodal et de fluidifier les flux de transit. Il insiste : « Il n’y a aucun lien entre le COM et l’A69. L’un fait 6,3 km, l’autre 54 km. Le COM s’appuie sur une voirie existante et est gratuit. L’A69 est, elle, une autoroute nouvelle et payante. » Il insiste sur le rôle du COM dans le développement économique, à la fois « pour l’attractivité auprès des entreprises, et par le nombre d’emplois créés par le chantier lui-même, des emplois dans les TP qui seront ensuite pérennes et non-délocalisables ».
« Nous sommes lassés par les postures politiques qui vont à l’encontre du développement économique, enchaîne Jean-Marc Oluski, président du Medef Hérault Montpellier et du comité des métropoles au Medef national. Beaucoup de salariés vivent au nord, alors que les entreprises se développent au sud. On est l’une des rares métropoles françaises à ne pas avoir de périphérique. »
« Le monde économique est uni pour défendre ce projet, complète Grégory Blanvillain, président de la CPME Hérault. La société civile et les entrepreneurs ne prennent pas assez la parole sur les grands projets structurants. Il est temps que cela change. » Il rappelle que la CPME Occitanie soutient également le projet de l’A69.
David Belenus, adjoint à la mobilité du maire de Juvignac, illustre le quotidien des habitants : « Il leur faut 45 minutes pour sortir de Juvignac le matin. » Il voit dans le COM un complément au Lien (CD34), future rocade nord, pour enfin doter Montpellier d’un véritable périphérique. « Même s’il manque toujours la dernière partie de la déviation est de Montpellier (Département de l’Hérault), qui finit dans les vignes (ce, depuis 2009, ndlr) », s’exaspère le sénateur Jean-Pierre Grand.
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La conquête de l’ouest. François Rio, maire de Saint-Jean-de-Védas, commune directement concernée avec 4 km des 6,3 km du tracé, estime que « la mobilité est une condition de lutte contre le chômage », qui atteint 10,1 % dans le département. Il souligne que 27 hectares vont être libérés par le projet, pour le développement économique. « Rue de la Farigoule, on compte plus de 6.000 véhicules par jour. Les voitures, c’est comme l’eau : elles trouvent toujours un passage. Il vaut mieux que ces voitures circulent sur un axe éloigné des habitations. »Pourquoi se mobiliser maintenant, alors que le projet semble suivre son cours administratif ? « Parce que ce sont toujours les opposants qu’on entend, mais la majorité silencieuse est favorable au COM. »
Jouer dans la cour des grands. Pour Patrice Canayer (Région Occitanie), le COM dépasse les frontières de Montpellier : « L’enjeu, c’est l’aire urbaine. Montpellier rayonne sur 100 km à la ronde. Le COM est un axe structurant essentiel à l’équilibre régional, notamment avec Toulouse, et à l’attractivité de Montpellier. » Le sénateur Hussein Bourgi insiste sur la longue histoire du projet : « Le COM date de plus de 30 ans, il figurait déjà dans les programmes des cantonales et des régionales en 1998. L’Est et le Sud ont été aménagés, aujourd’hui, c’est le tour de l’ouest. » Il rappelle que 70.000 habitants vivent à l’ouest de Montpellier, où six Zac sont en développement, à Pignan, Saussan, Cournonterral, Saint-Georges-d’Orques, Fabrègues et Murviel-lès-Montpellier. Pour lui, le COM répond à un besoin « de bon sens, d’intérêt général », combinant lutte contre la pollution, desserte économique et équité territoriale. « Sur le plan écologique, le législateur a trouvé une réponse : Eviter, Réduire, Compenser. Ce projet rentre dans ce cadre. Je ne comprends pas que le COM fasse débat. Si la métropole veut jouer dans la cour des grands, il lui faut des rocades. Il en va de l’équité territoriale. C’est une question de bon sens, d’intérêt général, pour sortir les voitures d’axes où elles n’ont rien à faire. »
30 ans. Le sénateur Jean-Pierre Grand ironise : « C’est un exploit de mettre 30 ans pour réaliser les 6,3 km d’un contournement urbain. » André Deljarry pointe le retard du COM alors qu’à Béziers, « la connexion entre l’A75 et l’A9 remonte à 2010 » (l’un des atouts du COM est aussi de relier l’A750 – Clermont-l’Hérault/Montpellier, branche de l’A75 – et l’A9, ndlr).
Métropole absente. À noter, l’absence de la Métropole de Montpellier autour de la table, alors que le projet la concerne au premier rang. Michaël Delafosse, maire-président de la métropole, doit composer, à un an des élections municipales, avec l’aile écologiste (opposée au COM) de sa majorité.
Association de soutien. Pour tenter de contrer les associations d’opposants, une association pro-COM est créée. Elle est présidée par Emmanuelle Gounel, restauratrice montpelliéraine (Le Grand Arbre).