Immobilier : Altémed somme deux promoteurs de signer

12 février 2024

Lors de ses vœux, le 22 janvier à l’Opéra Comédie, Cédric Grail, DG d’Altémed, avait annoncé la couleur 2024 aux promoteurs immobiliers*. L’opérateur public passe à l’acte, en lançant une sommation (mise en demeure) contre deux promoteurs, Roxim et Pitch, pour qu’ils signent l’acte de vente, le 22 février à la Serm, correspondant à la 2e partie (logements sociaux et logements intermédiaires) d’un lot sur la Zac du Nouveau Saint-Roch. « Le premier acte, portant sur du logement libre, donc plus rentable, a, lui, été signé. Mais ils ont refusé la 2e signature, prévue en décembre. En fin d’année, Roxim et Pitch ont été relancés, et étaient d’accord, signant même un compromis de vente en 2023. Si la signature n’a pas lieu, nous assignerons en vente forcée et réclamerons des dommages et intérêts, déclare Cédric Grail. Le refus de signer vient du fait que les promoteurs considèrent que l’opération était trop déficitaire. Mais, d’un côté, ils ont margé à 7 % sur 100 logements libres, ce qui a dû leur faire gagner 3 M€. Et là, il y a un déficit qu’ils ne veulent pas assumer, alors que nous ne sommes que sur 10 logements abordables : ce sont des montants faibles par rapport à la marge déjà réalisée. »
Le lot, attribué en 2015, a été découpé en deux tranches. La première tranche, la plus importante, comprenant 100 logements libres, 34 logements sociaux et des commerces, a été livrée, face à Higher Roch.

« Effectivement, ce sont 10 logements abordables, mais c’est une perte minimum de 700.000 euros, réagit Anaïs Thourot, présidente de Roxim. La Serm nous met en demeure pour réaliser cette perte. Pourquoi une perte de 700 k€ ? Il s’agit de la 2e tranche du programme Eden Roch, qui a subi depuis 2015 de nombreux décalages de travaux. Décalages liés à un manque d’anticipation de la part de la Serm sur ce lot. Or, chaque décalage génère des surcoûts. Cette opération subit par ailleurs les surcoûts des matériaux et de l’énergie. Enfin, pour nous financer, la hausse des taux d’intérêt a un impact sur les frais financiers. D’où cette perte évaluée à 700.000 euros. Sur le fait que nous ayons gagné 3 M€ sur la partie libre, selon la Serm : c’est moins. Nous avons justifié par expert-comptable la marge, en produisant les balances clients. La marge a été de 210 k€ par an par promoteur pendant six ans (soit 1,26 M€ par promoteur, soit 2,5 M€ pour les deux, note). Je précise qu’une marge ne retombe pas dans ma poche. Elle rémunère un travail. Et cet argent est réinvesti sur le territoire, pour des projets exceptionnels, comme Evanesens pour Roxim, ou Alma Terra pour Pitch. Jusqu’à présent, la Serm voulait être dans l’accompagnement. Manifestement, c’est moins le cas. On a fait beaucoup de simulations, d’hypothèses pour la 2e tranche de ce projet. Tout est resté lettre morte, et la seule chose que nous ayons eu, c’est une sommation à comparaître. »

Cédric Grail ne nie pas « la crise de l’immobilier et les fortes tensions. Nous avons lancé le choc de l’offre en 2022. Mais beaucoup de promoteurs peinent à commercialiser. Nous renégocions tous les lots attribués. Nous regardons avec les promoteurs attributaires le prix de construction, les honoraires de maîtrise d’œuvre, les honoraires de gestion (conduite d’opération), les frais de commercialisation, et aussi la charge foncière. Il faut une marge pour obtenir la garantie financière d’achèvement. Le dialogue a bel et bien lieu, pour essayer de faire sortir les projets. »

*Déclarant notamment : « Un lot attribué, ce n’est pas une réserve foncière. Soit on trouve une solution, soit les lots seront retirés et on fera d’autres projets avec d’autres acteurs. Dans les négociations en cours, nous prévoyons des clauses d’intéressement, clauses de retour à meilleure fortune, clause d’évitement d’enrichissement sans cause… » Plus à (re)lire en cliquant ici.

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