Languedoc : le climat assèche les prévisions de vendanges

18 septembre 2023
Domaine du Grand Puy Montpellier viticulture vigne 1 1 - Les indiscretions
©DR

Confronté à la canicule et au manque d’eau, le vignoble languedocien se dirige cette année vers une « très petite récolte », indique Anthony Bafoil, président de la Fédération des caves coopératives dans le Gard. « Nous sommes face à un vignoble en passe de mourir à certains endroits », alerte l’audois Jean-Marie Fabre, président du syndicat national des vignerons indépendants. Dans le Gard, « les pertes de récolte sont très élevées, entre 25 % et 40 %, sur une partie du département », complète Anthony Bafoil. En cause, un coup de chaud « au pire moment, juste avant la récolte, avec des pics de 43 degrés en journée et une température qui n’est pas descendue en-dessous de 26 degrés la nuit pendant plusieurs jours, fin août. Tout est grillé. On dirait qu’un chalumeau est passé sur les vignes ». Pour survivre, la plante pompe en effet l’humidité des baies de raisin. « Alors qu’une grappe pèse environ 200 grammes d’ordinaire, elle ne pèse plus que 150 grammes. Les rendements à l’hectare vont être faibles. C’est d’autant plus pénalisant que nos vins ne sont pas vendus très chers. »  
Jean-Benoît Cavalier, président des AOC Languedoc, pointe une « très grande hétérogénéité entre vignobles. Les zones les plus sèches, dans les Pyrénées-Orientales, ont particulièrement souffert. Dans l’Hérault et certaines parties du Gard, quelques pluies d’hiver et du printemps ont conduit la vigne à de belles maturités ».  

Autre conséquence, partout sur le territoire : des taux de vinification de plus en plus hauts.  

La consommation est en régression, notamment sur les vins rouges, sur fond d’inflation. « Des appellations reconnues, comme Pic Saint Loup, Faugères, La Clape ou Terrasses du Larzac, tirent leur épingle du jeu », tempère Jean-Benoît Cavalier. Anthony Bafoil lance quant à lui un appel au secteur de la restauration. « Ils achètent une bouteille 5 euros et la vendent 35 euros. C’est plus cher que le repas ! », lance-t-il.  

Jean-Benoît Cavalier réagit enfin aux stocks, alors que l’aide à la distillation s’élève cette année à 200 M€. « Les stocks aident à pallier de très petits millésimes. Ce sont des stocks de résilience économique, par rapport à des marchés conquis à l’export, et qu’on ne veut pas perdre. Lorsque des aléas climatiques se produisent, les vignerons sont très pénalisés. Avec un peu de stock, on lisse les effets. Or, ces aléas vont s’accélérer avec le changement climatique, les variabilités importantes (chaud, grêle…), ou encore l’apparition de maladies comme le mildiou, dans un climat devenu presque tropical. »  

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