Le port de Sète veut devenir une base arrière de l’éolien offshore

22 janvier 2024
port de Sète
©DR

Propriété de la Région Occitanie, le port de Sète (commerce, pêche, plaisance) enregistre en 2023 un tonnage de 5,6 MT, en croissance pour la 10e année consécutive. Les 6 MT devraient être dépassés en 2024 ou 2025, indique Olivier Carmès, directeur général du port. « C’est assez rare de cumuler sur une même année croissance du CA, du tonnage, du nombre d’escales et du nombre de passagers. C’est la conjoncture que nous avons connue en 2023. Je ne pense pas qu’il soit possible de rééditer un tel exploit en 2024. » 
 

Base arrière de l’éolien offshore. Dans sa stratégie long terme, le port de Sète entend se positionner comme base arrière de Fos-sur-Mer et Port-la-Nouvelle pour l’éolien offshore. Le marché est là : deux parcs commerciaux vont ‘sortir de mer’ en Méditerranée dans les prochaines années. Du foncier va être libéré. « La création de 30 ha supplémentaires sur la zone Zifmar, à Frontignan, est prévue d’ici à 2028 pour accueillir cette base arrière, complète Olivier Carmès. Pour réaliser ce terre-plein, nous récupérerons les matériaux de dragage du chantier de mise au gabarit du canal du Rhône à Sète, dont le chantier va être lancé d’ici à 2027 dans le cadre du contrat de plan État/Région. » Ce chantier de mise au gabarit, symbolique de la dimension multimodale du port de Sète (maritime-ferroviaire-routier-fluvial), est évalué à 50 M€. La création de Zifmar 2 est, elle, évaluée à 8 M€.  
Pour l’éolien offshore, Sète compte par exemple se positionner « sur la construction de nacelles, pour les envoyer ensuite sur Port-la-Nouvelle ou Fos, où auront lieu les assemblages finaux en bord à quai ». 

Véhicules : le Groupe Charles André retenu sur la zone Zifmar 1. Le groupe familial Charles André (Montélimar) va investir 8 M€, avec 100 emplois créés, dans un nouveau trafic d’importation de véhicules neufs (depuis la Turquie, le Maroc et la Roumanie) sur la nouvelle zone Zifmar (11 ha), à Frontignan. « Nous opérons aujourd’hui 100.000 véhicules par an. Charles André va amener 40.000 à 50.000 véhicules par an, avec une montée en charge sur trois ans. » Ce type d’investisseurs privés, de taille moyenne, correspond à ‘l’esprit PME’ recherché par le port de Sète. « Nous avons reçu des demandes sur des projets plus ambitieux, mais que l’on a refusés, car nous estimions que cela pouvait venir perturber l’équilibre du port de commerce », confie-t-il aux Indiscrétions.  

Quai I1 : livraison espérée en 2028. Le futur quai I1, porté par la Région Occitanie et évalué à 60 M€, devrait être livré en 2028, avec un démarrage des travaux en 2026, prévoit Olivier Carmès. « Les études sont lancées. C’est une infrastructure attendue pour poursuivre le développement du port de commerce. Le quai H, inauguré en 2017, est déjà plein. »  

Gare maritime : nouvelle route d’accès. Une nouvelle route d’accès à la gare maritime doit être aménagée en 2025 dans le port, pour décongestionner l’entrée Est de Sète, en cours d’urbanisation. L’aménagement de cet axe est chiffré à environ 5 M€.

Port ouvert. « L’ouverture du port lors des Journées du Patrimoine, en septembre dernier, avec des visites commentées, a rencontré un franc succès, avec près de 900 visiteurs. Et nous aurions pu en accueillir davantage !, s’enthousiasme Philippe Malagola, président de l’EPR Port Sud de France, gestionnaire du port. Des Sétois sont venus, mais aussi des Nîmois, des Toulousains… Nous devrions renouveler l’expérience. » 

Quelques faits marquants en 2023 : doublement de la surface de l’entrepôt de Cem’In’Log (importation de clinker), qui se déploie désormais sur 12.000 m2. Une seconde trémie dépoussiérante pour le vrac industriel a été livrée fin 2023, pour traiter des navires de plus grande capacité. L’approvisionnement d’une troisième unité de broyage de clinker est à l’étude.  
Par ailleurs, le trafic roulier en provenance de Turquie poursuit son développement, avec six escales par semaines depuis avril 2023. 130.000 unités (remorques-conteneurs) ont transité en 2023 par Sète, au lieu de 65.000 en 2020. « Ce développement est corrélé avec le développement du trafic ferroviaire et la livraison, fin 2021, de la nouvelle plateforme ferroviaire portée par le port, la Région Occitanie et l’opérateur VIIA, pour un investissement total de 15 M€ », indique le rapport d’activité 2023, disponible en cliquant ici.  
Saipol (importation de graines, trituration, export de tourteaux, huiles et diester) emploie à présent 110 salariés. « Les travaux en cours (première phase d’investissement de 28 M€) devraient permettre une progression à terme de 25 % des trafics. En 2023, la hausse constatée est de 10 %. »  

Croisière raisonnée. Changement de cap en matière de croisière. La Région Occitanie entend s’inscrire dans un tourisme raisonné, avec des navires de moins de 240 mètres. Alors que le projet initial prévoyait 150.000 croisiéristes initialement, l’objectif est ramené à 70.000. En 2023, 50 escales et 30.000 passagers ont été accueillis sur le port de Sète.  
L’activité ferry (compagnies GNV et Balearia) progresse quant à elle de 30 %, avec 220.000 passagers en 2023. Si la destination principale reste le Maroc, des liaisons sont désormais opérées avec l’Algérie, avec Corsica Linea et Algérie Ferries (ports de Skikda, Bejaia et Oran). Corsica Linea a confirmé son retour de juin à septembre, avec un objectif de 35.000 passagers, contre 15.000 en 2023.  Ce 22 janvier, la compagnie Corsica Ferries annonce deux nouvelles lignes de  au départ de Sète, vers Majorque, en Espagne, et l’Île-Rousse, en Corse. 

Relance du terminal frigorique. L’opérateur Primever relance le terminal frigorifique inauguré en 2011, et sous-utilisé depuis. Primever en est le nouveau gestionnaire, pour six ans. L’accord a été signé en octobre à Madrid à l’occasion du Salon Fruit Attraction. Le premier navire de litchis (8.000 tonnes) est arrivé de Madagascar au port de Sète le 11 décembre dernier. « Le vrai challenge est d’avoir une ligne conteneurs régulière, pour avoir une connexion avec l’Amérique du Sud sur le trafic de bananes. Primever investit lourdement : 1 M€ dans une mûrisserie de bananes. Si les opérateurs investissent, c’est le signe qu’ils vont tout faire pour y arriver », confie Olivier Carmès, directeur général du port de Sète. On en dira plus dans les prochaines Indiscrétions du 29 janvier. 

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