L’EPF doit mieux se faire connaître auprès des élus pour monter en puissance

18 décembre 2023

Jeudi 14 décembre, l’Établissement Public Foncier d’Occitanie (directrice générale : Sophie Lafenêtre), fête ses 15 ans. Au programme : une rétrospective des chiffres clés de l’établissement public foncier, et deux tables rondes ont rythmé la soirée.

TR 1 EPF Occitanie 14 dec 2023 ©Sarah Nguyen - Les indiscretions
©Sarah Nguyen/Agencehv

PPI 2019-2023. Pour les 15 ans de l’EPF d’Occitanie, l’heure était au bilan du précédent Plan pluriannuel d’investissement (PPI) 20219-2023. « Soit 253 M€ d’acquisition, 2.600 logements sociaux et 20 % d’investissement dans des opérations à vocation économique », énumère Claire Lapeyronie, présidente du Conseil d’administration de l’EPF d’Occitanie, également maire de Pont-Saint-Esprit (30) et conseillère régionale.

Château, prison et aéroport. La présidente du Conseil en a également profité pour rappeler les nombreuses acquisitions originales faites au fil du temps par l’EPF sur la région. « Des lotissements fantômes, une ancienne cimenterie, un palais, un château, les anciens locaux de la Banque de France, une prison du 17e siècle, un lac, le site d’Arcelor Mittal, un aéroport, une auberge de jeunesse, une cabane, un camping… tous dégradés ou squattés, que nous avons réhabilité ! ».

15.000 nouveaux habitants chaque année en Hérault. « Nous ne pouvons aménager comme nous le faisions, 15.000 personnes arrivent chaque année dans l’Hérault, il faut réhabiliter, reconstruire la ville sur la ville. Beaucoup trop d’élus ignorent l’existence de l’EPF, c’est un challenge pour les 15 prochaines années », déclarait François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault. 

Francois Xavier Lauch Prefet Herault EPF Occitanie 14 dec 2023 ©Sarah Nguyen - Les indiscretions
François Xavier Lauch ©Sarah Nguyen/Agencehv

Oiseaux et chauve-souris. « Il est difficile de faire des choses sur la durée d’un mandat : le temps de déposer le permis, les recours, etc. Nous avons mis 11 ans pour sortir… 18 logements », se désole Frédéric Touzelier, maire de Générac et vice-président de Nîmes Métropole. Autre obstacle relevé par l’élu : « la biodiversité rattrape le temps et les projets. Sur les 60 ha prévus pour la construction d’un centre pénitentiaire entre Nîmes et Générac, 28 ha ont dû être “sacralisés” pour la présence d’une espèce d’oiseau. Le Gard est si riche en biodiversité, que les projets ne sont pas faisables avant 5 ou 10 ans », ajoute-t-il. Situé sur l’ancienne base logistique du contournement ferroviaire TGV, le chantier de la future prison a pris un an et demi de retard. 

Autre difficulté rencontrée par l’élu : le logement à Nîmes. « Nous prévoyons près de 11.000 logements, mais avec les chauve-souris à protéger, le chantier a pris des mois de retard… Nous relevons un manque de cohérence entre ce que demande l’État, et l’aide apportée derrière », relève Frédéric Touzelier. En écho, le sénateur du Lot, Jean-Marc Vayssous-Faure, a fait part de son expérience en tant qu’ancien maire de Cahors (Lot) dans le cadre du Projet partenarial d’aménagement à l’entrée sud de la Ville. « Lidl, intéressé pour s’y installer, a fait face à une prescription pour des fouilles archéologiques, à hauteur de 700 k€ pour le maître d’ouvrage. C’est lourd à porter. » 

Friches et littoral. « Nous avons environ 100 ha de friches à Frontignan, ce qui à la fois un problème et une opportunité car elles présentent de fortes contraintes liées à la pollution et aux coûts associés pour dépolluer, difficile à faire porter par les industriels », explique Loïc Linares, vice-président de Sète Agglopôle Méditerranée. La difficulté principale rencontrée : « Nous ne pouvons pas faire différemment avec les mêmes règles qu’hier. Aujourd’hui, nous avons à peu près la moitié des zones de construction en zone rouge du PPRI (Plan de prévention du risque inondation) », ajoute-t-il. Il encourage une réflexion collective, pour une révision du SRADDET (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires), du ZAN (Zéro artificialisation nette) et du SCoT (Schéma de cohérence territoriale). 

TR 2 EPF Occitanie 14 dec 2023 ©Sarah Nguyen - Les indiscretions
©Sarah Nguyen/Agencehv

Grand témoin. Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH (Union Sociale pour l’Habitat) et ancienne ministre du logement et de l’habitat durable, grand témoin de la soirée, a alerté sur la hausse des demandes en logements sociaux. « Nous n’avons jamais eu autant de demandeurs sur l’ensemble du territoire, dans toutes les régions, y compris dans les territoires détendus (accroissement démographique moindre et plus âgé). La demande en HLM est en hausse de 20 % en 8 ans, 2,4 M de ménages attendent un logement social avec des besoins notamment en petits logements. »

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