Solvay / Générations Futures : bagarre autour des polluants éternels

11 mars 2024

Depuis un mois, la bataille médiatique secoue la plateforme chimique gardoise de Salindres, sur laquelle se trouve une usine du groupe Solvay, qui est l’une des cinq usines de production de PFAS (nommés ‘polluants éternels’) en France et emploie une centaine de salariés. Dans un rapport publié le 7 février, l’ONG environnementale Générations Futures fait état de « concentrations inquiétantes de PFAS » dans l’eau, suite à des prélèvements effectués sur dix lieux situés autour de la plateforme, dans les eaux de surface et l’eau potable. Depuis le 7 février, l’association dit avoir « beaucoup de contacts avec les riverains, via des visioconférences », prépare une réunion et a saisi l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Dans plusieurs courriers envoyés au ministre de la Transition écologique, l’ARS Occitanie et la Dreal Occitanie, Générations Futures demande la réduction des rejets autorisés en application du principe de précaution, et surveillance « élargie et renforcée des milieux aquatiques ».
Selon Christophe Rivenq, président LR d’Alès Agglomération, « l’eau distribuée n’est pas pompée dans les ruisseaux incriminés par l’ONG. Si un danger était avéré, nous serions les premiers en tête de cortège pour manifester, car l’agglomération est responsable de la distribution de l’eau potable. Nos services avaient déjà lancé une campagne de mesure des PFAS. Toutes les analyses montrent jusqu’à présent une présence des PFAS indécelable, ou jusqu’à 100 fois inférieure à la norme européenne qui sera en vigueur en 2026 ». De son côté, Solvay a engagé en 2021 un investissement de 20 M€ pour préserver l’environnement autour du site. Le programme pluriannuel, qui court jusqu’en 2025, concerne le traitement des déchets, avec notamment la couverture des dépôts miniers par une couverture étanche, et aussi l’amélioration des canalisations et systèmes de traitement des effluents. Solvay tient à relativiser le rapport de l’ONG. « Le TFA (acide trifluoroacétique, note) et ses dérivés sont des composés organiques fluorés qui contiennent très peu d’atomes de carbone, et ne sont pas connus pour s’accumuler dans le corps humain. Ils ont tous été enregistrés dans le cadre du règlement REACH de l’Union européenne et ont fait l’objet d’une évaluation des dangers et des risques. »

Au fait… À quoi sert le TFA ? La molécule aide le secteur pharmaceutique, en tant qu’intermédiaire dans la synthèse de principes actifs, à accroître l’efficacité de nombreux médicaments, notamment les antiviraux, les anti-VIH et les thérapies anticancéreuses, indique Solvay. Dans la fabrication d’ingrédients actifs, « elle est utilisée comme matière première pour la protection des cultures, aidant de nombreuses agro entreprises », complète l’industriel.

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