Thierry Marx fustige « l’ubérisation du tourisme » et insiste sur la dimension RSE des entreprises

16 octobre 2023
Thierry-Marx
Thierry Marx, à l’événement Conecto le 10 octobre,
à La Grande-Motte ©DR

Pour l’homme d’affaires et chef cuisinier Thierry Marx, invité de Conecto (CCI 34) le 10 octobre à La Grande-Motte (34), la société est en « queue de comète : une partie est encore au 20e siècle, l’autre au 21e siècle ». Il s’érige contre « l’ubérisation du tourisme, qui impacte les villes et les régions. L’hydre de l’ubérisation n’en est qu’à ses débuts. Il faut défendre notre modèle social ». Cet enfant de Paris, issu d’un milieu modeste, tance « une société très dure, qui s’est constituée des deux côtés de la palissade, où l’on est trop souvent sur la forme. S’agiter n’est pas agir. Je pense qu’il est préférable de débattre sur le fond plutôt que de chercher des coupables. » D’après lui, « l’entreprise peut poser des passerelles », à condition que « les programmes RSE ne soient pas que sur des plaquettes. Par exemple, chaque entreprise peut compter jusqu’à 20 % de personnes en inclusion dans ses effectifs. Cela ferait une société plus juste, mais aussi des entreprises plus efficaces. »
À l’instar de Matthieu Ourliac dans son opus sur la Valeur travail (juillet 2023), Thierry Marx appelle à se méfier de « la formule magique du microentrepreneur. C’est dangereux. Est-ce légal ? L’ubérisation se cale sur les failles de notre système, comme les défiscalisations possibles sur les meublés touristiques. Des immeubles entiers sont achetés et exploités selon cette niche fiscale, alors qu’il y a toujours plus de taxes et de charges pour les hôteliers ».

Retrouver l’émancipation par le travail. Il s’inquiète du fait que « le travail n’émancipe plus, depuis 40 ans, en France. Notamment chez les plus modestes. Aujourd’hui, on ne sort plus de son extraction sociale par le travail. Il faut s’entendre sur le coût du travail, pour que des jeunes puissent monter en compétences et se loger. L’emploi doit émanciper, et non pas assigner. » Il prône la généralisation de CAP accélérés, en trois mois et non plus un an, « alors que 200.000 postes sont à pourvoir dans nos métiers chaque année ». Avant de prôner, pour le futur, une « croissance en conscience. Pour être rentable, demain, l’entreprise devra mesurer son impact social et environnemental ».

Dur avec les faits, bienveillant avec les gens : telle est sa devise. « Ma méthode de recrutement : je mesure l’attitude et l’aptitude du collaborateur. Je travaille comme un cuisinier, en jaugeant les compétences métiers et l’attitude dans l’entreprise. Si l’attitude devient toxique et dérègle l’aptitude métier, j’y remédie facilement. » Avant de préciser : « Aujourd’hui, on n’est plus dans la sélection d’un collaborateur, mais dans la séduction. » Il pose, en entretien d’embauche, deux questions : « Pourquoi voulez-vous travailler pour nous ? Vous vous voyez où dans deux ans ? J’adore les gens qui ont de l’ambition ! Je suis dans la transparence. Une personne est recrutée pour telle mission. Et je lui donne une vision de l’évolution de l’entreprise. »

Alimentation du futur.
 Thierry Marx a aussi détaillé la stratégie d’innovation et de R&D qu’il mène depuis des années avec Paris Saclay, pour questionner l’alimentation du futur et « rapprocher les artisans que nous sommes et le monde universitaire. Nous créons ainsi une sorte de cerveau collectif, avec des chercheurs en médecine nutritionnelle, des physico-chimistes des produits… » Les explorations portent aussi sur « l’hôtel et le restaurant de demain, la formation de demain, les modèles futurs de financement… »

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