On s’en fout

26 février 2024

Demain, tous nomades au travail ? Tout au moins, ceux dont le métier le permet ? Pour ma part, je travaille souvent, au moins deux jours par semaine, en nomade, depuis une quinzaine d’années. En nomade, c’est-à-dire : n’importe où. Ni chez moi, ni à l’agence, ni dans un coworking où j’aurais un bureau intermédiaire entre le home office et le bureau classique. Quand je dis n’importe où, c’est vraiment n’importe où : assis sur des marches d’escalier au pied d’un immeuble, dans un bar, dans des halls d’hôtels, au bord de la mer, au McDo aux heures creuses (et en résistant à la tentation du cookie de 16h), dans la voiture, parfois stationné sur le bas-côté pour une interview à faire en urgence. Un partage de connexion opérationnel, et un téléphone et un ordinateur chargés, suffisent.
Ce processus fait même, à la longue, partie intégrante de la création journalistique. Alors que je me lançais, la semaine dernière à mon domicile, dans la rédaction d’un cahier d’acteur d’une collectivité pour le débat public « La mer en débat », je me suis rendu compte que l’inspiration n’était pas au rendez-vous. Sujet complexe, documents et notes à croiser. Gros exercice de synthèse. Pour y voir clair dans ces nuages d’informations, j’ai presque « été obligé » de rejoindre l’extérieur, et de me glisser dans un café. Histoire de retrouver le fil de ma pensée au contact sonore des percolateurs et des gars carburant au jaune dès 10h du matin.
J’ai même été ravi d’apprendre que mon équipe s’était retrouvée en parallèle, également en nomade, au même moment, ailleurs en ville. Eh oui : on dégage une image sérieuse et carrée, mais, quelque part, notre mode d’action peut se révéler poétique.
Alors, les idées viennent-elles en plus grand nombre, avec une intensité accrue, la production est-elle optimisée, si l’on change de cadre de loin en loin ? Cela dépend certainement des individus. En tout cas, cela mériterait un sujet de thèse ou d’étude !

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