On s’en fout 1610

16 octobre 2023

Comme d’habitude. C’est en effet toujours la même chose avec le XV de France dans les coupes du monde de rugby, depuis 1987. La France a de belles équipes, excelle et fait rêver avec son ‘French flair’, pourrait mais échoue d’un rien avec des regrets éternels, a les arbitres contre elle, fera mieux la prochaine fois, quel dommage, ‘sorry good game’, ironisent nos adversaires.  
On ne va pas se mentir : la défaite en quarts de finale face à l’Afrique du Sud (28-29), dans « sa » Coupe du monde en France, hier soir à Saint-Denis, est une contre-performance majuscule. Il ne sert à rien d’être invaincu depuis des lustres à domicile, pour échouer dans le match décisif.  
Mais, et c’est là très surprenant, personne, parmi les innombrables experts de l’Ovalie (dont je ne suis pas), ne relève ce qui est à mon sens l’info principale : quand les échecs, même d’un souffle, surviennent à répétition, d’une génération à l’autre, ce n’est jamais le fruit du hasard. Cette cécité face à l’histoire qui se répète dénoterait-elle une volonté de ne pas parler des choses qui fâchent ?  
Espérons que la bande à Dupont saura puiser les clés dans la rage de cette défaite, pour revenir plus vieux mais plus forts, dans 4 ans, en Australie.  

Le football, c’est certes méchant et vulgaire, perverti par l’argent, et pratiqué par des « caïds immatures », pour reprendre le terme de la philosophe Roselyne Bachelot, alors ministre de la République (2010). Mais, au moins, dans ce sport, le système de formation et d’encadrement tricolore a fait de son équipe première masculine une bande de 11 gars en short qui font peur à la planète entière. Une équipe de tueurs, en somme. Avec 4 finales de coupe du Monde en 24 ans, deux victoires et deux matchs nuls (défaites aux tirs aux buts contre l’Italie en 2006 et l’Argentine en 2022, signe que ces équipes n’ont pas réussi à gagner les matchs). Voilà qui mériterait bien un séminaire inter-filières entre Ovalie et ballon rond, pour échanger sur les bonnes pratiques. Au-delà des valeurs magnifiques du rugby, qui masquent un peu trop facilement ses fragilités structurelles. 

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