C’est le bordel. Avec un RN en tête du premier tour des élections législatives, et l’Occitanie n’échappe pas, à quelques exceptions près, à la règle (les résultats près de chez vous en cliquant ici), le paysage politique français se trouve complètement disloqué. « Près de deux Français sur trois ont voté d’autres candidats (que le RN, note) », rappelle Carole Delga, présidente PS de la Région Occitanie, qui appelle les électeurs à voter massivement contre le RN, le 7 juillet. Certes. Mais il flotte comme un mauvais parfum, aux effluves de colère sourde, de revanche et de cécité économique. Un climat mortifère pour le pays, ses idéaux, sa République, sa cohésion ou ce qu’il en reste. Dangereux, aussi, pour ses entreprises, qui le motorisent. Le tout, sous l’œil effaré de nos voisins européens. Sans oublier les sanctions qui ne vont pas tarder à pleuvoir de la part des marchés financiers, silencieux et redoutables, et dont nous dépendons.
Le 10 juin, nous titrions notre newsletter « Dissolution sans dix solutions », dans un jeu de mots peut-être efficace, mais résigné. Nous passons, ce 1er juillet, à « L’été létal », sur la même ligne éditoriale. La menace de divisions et de tensions extrêmes monte d’un cran, bien au-delà du seul jeu politico-médiatique. La confusion règne. Jean-Luc Mélenchon, leader des Insoumis, s’empresse de prendre le micro, dimanche soir, comme pour précipiter le Nouveau front populaire vers la défaite et préparer « sa » présidentielle de 2027.
Au sein du camp macroniste et de centre-droit, les messages divergent. Une première, d’autant plus surprenante que le RN semble avoir trouvé les portes du pouvoir sous le canapé. Gabriel Attal et Emmanuel Macron restent sur le « Pas une voix pour le RN », avec de vagues réserves sur certains candidats LFI. Pour Édouard Philippe (Horizons), c’est « Pas une voix pour le RN et pour LFI ». Pour Les Républicains, c’est plutôt, dans l’ordre, « Pas une voix pour LFI et le RN ». Avec, même, des prises de position anti-Nouveau Front populaire (et donc, en creux, pro RN), comme celle des Républicains de Haute-Garonne : « Pas une voix ne doit aller au Nouveau Front Populaire lorsque celui-ci sera présent au second tour » (le communiqué à lire en cliquant ici)
Oui, vraiment, c’est le bordel. La faute à Macron ? Le raccourci, formulé dans l’émotion, serait un peu simpliste. Il est cependant exact que ce jeune homme pressé aura dynamité la politique hexagonale en moins de dix ans. Inquiet, mon père m’avait dit, en 2016 ou 2017 : « La France va au-devant de graves désordres. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais des troubles inédits vont survenir dans le champ public et politique. » Huit ou neuf ans après, nous y sommes. Il faut parfois savoir écouter les messages des anciens. Comme ça, on est un peu moins surpris. C’était l’été létal.