On s’en fout

17 mars 2025

Vous avez déjà remarqué : ces interlocuteurs qui se sentent obligés de vous détruire les phalanges, tout en vous gratifiant d’un grand sourire avec les dents qui brillent (ou pas). Ça m’est encore arrivé une dizaine de fois en deux jours, la semaine dernière sur le Mipim à Cannes. « En plus, on te broie la main droite, celle avec laquelle tu écris. C’est ciblé ! », relève avec humour Valentina Volle, stagiaire chez Agencehv, à qui je racontais l’anecdote.

Mais pourquoi certaines personnes, à 99 % des hommes, broient-ils ainsi la main de leur congénère ? N’étant ni psychiatre ni psychologue de profession, j’en suis réduit à des supputations : la personne veut affirmer son pouvoir ; Elle manque de confiance en elle ; Elle veut m’intimider ou établir un rapport de force ; Je l’ai embêtée avec un article récent, elle ne peut pas me le dire parce qu’il n’y a rien à redire sur le fond, alors cette empoignade virile une façon tacite de signifier son mécontentement ; Ou, version plus optimiste / naïve, cette force tactile traduit une grande satisfaction de me retrouver là. Mais, allez savoir pourquoi, je n’y crois guère.

Les femmes se plaignent souvent des bises plus ou moins imposées sur le lieu de travail. Je veux bien les comprendre. C’est une pratique intrusive, inutile et archaïque. Comme nous vivons une époque merveilleuse d’égalité entre genres, je demande pour ma part qu’on relâche l’étau des poignées de main hypermasculinisées, au risque de lancer un #Metoo. Ou alors, plus vicieux : les prochaines fois, je poserai la main gauche avec délicatesse sur la main broyeuse, histoire d’avoir le dernier mot. C’est le printemps, on se détend.

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