Connaissez-vous l’expression « être dans la zone » ? Chez les sportifs de haut niveau, ce sont ces moments, très rares, à l’approche des grandes échéances, où l’on éprouve le sentiment que plus rien ne peut vous arriver. Un sentiment de plénitude enfin conquise, après tant de concessions, d’échecs, de remises en question. Ces milliers d’heures de formation continue amènent, un jour, leur concentré de pureté. J’ai probablement « vécu ma zone » en animant les 5 tables rondes des Assises nationales du Centre-Ville, le 21 mai à l’Opéra Comédie à Montpellier (plus d’infos en cliquant là).
« Vous devez vous sentir comme Messi après qu’il ait gagné la Coupe du Monde », a ironisé notre stagiaire (et future alternante) Valentina Volle, franco-argentine et supportrice de l’équipe d’Argentine (mais elle est gentille quand même). On n’ira pas jusque-là, mais ça doit y ressembler sur certains points. Dormir très peu la veille, se rappeler les « matchs perdus » (des animations passées de ce niveau, où tout n’a pas été parfait, dans le tempo, la maîtrise des intervenants, l’attitude sur scène, sur le fond, etc.), viser l’excellence, tout donner avant et pendant pour y parvenir, sentir sur scène que l’on maîtrise enfin son art après tant et tant de sacrifices… Il n’existe pas d’école des animateurs de débats. Ce serait une idée, car les compétences requises sont très diversifiées : relancer tel élu au bon moment, pour qu’il valorise tel point qu’il allait oublier d’aborder ; construire des plans thématiques cohérents pour éviter les interventions en silo qui chloroforment la salle, et privilégier les échanges spontanés sur des thèmes-clés. Cela peut être aussi, de façon plus basique, rappeler à la régie technique, juste avant le début des débats et alors que nul ne s’en était soucié, que si on n’installe pas un escalier, les quelque 28 intervenants de la journée, tous présents dans la salle, ne pourront pas accéder à la scène surplombant le premier rang d’un bon mètre. Un détail.
J’en apprends plus
Bref, s’il reste encore et toujours beaucoup de sommets à gravir, la sensation d’aboutissement, déjà en partie évanoui, a semblé légitime. Il y même une forme de brutalité heureuse dans ces combats. Je ne recherche aucun retour. Je fais fi de certains commentaires de façade cherchant à me déstabiliser. Dois-je l’avouer ? Je prends même un malin plaisir à taguer, en commentaire du post relatant cette animation, les personnes, entreprises et institutions qui ne n’ont pas retenu Agencehv lors de récentes consultations.
Oui, une forme de brutalité heureuse, aussi, à voir défiler une partie des 28 intervenants de la journée, sur le parvis de l’Opéra Comédie, à la fin des échanges. « Mais aucun ne vient te saluer, alors qu’ils passent devant toi, c’est fou ! », s’étonne mon confrère Pierre Bruynooghe, venu couvrir la journée en tant que journaliste rédacteur. « Tu vois juste, Pierre. C’est la différence entre le journaliste et l’animateur. Le journaliste, en effet, on vient le saluer. Mais l’animateur, on s’en fout. C’est comme ça. Allez, viens, on va boire un coup ! »