On s’en fout

10 juin 2025

On assimile, à raison, le journalisme à une activité très solitaire, notamment lors de la rédaction, au cours de laquelle la concentration est requise. Pourtant, pour les phases les plus simples – interviews téléphoniques, reformulations… -, j’aime travailler, sans m’en rendre compte, en espèce de show journalistique à visage découvert. Concrètement : lors d’un événement que je viens couvrir, et alors que tout le monde discute, je me poste dans un coin, et avance sur mes différentes missions. Comme si j’étais à la rédac’. C’était le cas à Intersud Béziers, ce 4 juin, où un partage de connexion Internet, une chaise de camping et une table sommaire – trouvées par bonheur en extérieur, sur le parking, à l’entrée du Parc des Expositions -, ont fait l’affaire pendant presque une heure, à la pause méridienne.  
De telles contorsions ne correspondent pas à une stratégie. C’est que, parfois, nécessité fait loi. Les urgences n’attendent pas, a fortiori quand on jongle entre deux métiers – journaliste parlant des entreprises, et entrepreneur soi-même, avec les aspects RH, marketing, comptables, stratégiques, commerciaux…, à piloter.  

Après tout, où est le mal, à l’heure des cuisines ouvertes dans les restaurants, ou des street artists se produisant en direct, pour réaliser quelques toiles ou fresques ? Dans ces sessions bénéfiques improvisées, les gens me voient à l’œuvre. L’énergie dégagée est positive. J’ai le sentiment d’avancer sur deux fronts simultanément – les dossiers de fond, et la création de réseau à l’extérieur.  

J’en apprends plus

Seul inconvénient : la frontière est si ténue que des relations professionnelles viennent parfois me parler, sans se rendre compte que je suis en pleine interview téléphonique, en train de prendre des notes. Je dois alors les en informer, l’index pointé sur l’écran d’ordinateur posé devant moi.  
Plus amusant, certains confrères ne savent plus quoi en penser. L’un d’eux s’est même récemment approché de moi, mi-taquin mi-agacé, en tapant frénétiquement sur mon clavier pendant quelques secondes, et en épelant chaque syllabe de mes prénom et nom. Gênant, comme disent les ados. Voilà qui fait écho à l’un des principes phares de la Société des Briseurs de Règles, sorte de clubs d’innovateurs turbulents et d’entrepreneurs créée en 2013 : « Si ceux qui nous imposent des règles commencent à s’énerver, nous sommes sur la bonne piste. Si ceux qui nous imposent des règles commencent à nous taper dessus, c’est que nous avons presque gagné. »  

Share This