Au revoir, au revoir président(e)

28 avril 2025
Eric Torremocha ©Guilhem Canam - Les indiscretions
Eric Torremocha, agent général d’assurance Allianz depuis 10 ans ©Guilhem Canal

Au-delà du contexte économique, quelle est la hantise de la plupart des chefs d’entreprise actuellement ? Avoir de la visibilité. Sur le climat économique, sur la fiscalité, sur les carnets de commande et bien entendu sur la stabilité de leurs effectifs.

D’aucuns commenceront par évoquer les changements profonds post-Covid qui ont bouleversé les codes employeurs/employés. Mais qu’en est-il réellement ? L’ancienneté des salariés a-t-elle chuté ? N’est-on plus heureux au travail ? Aurais-je un babyfoot dans ma salle de pause pour Noël ? Mettons tout de suite fin à ce suspens insoutenable. Si nos amis américains ont effectivement été touchés par le phénomène de « grande démission », avec une vague de départs de salariés extrêmement importante, représentant près de 20 millions de cas dans les premiers mois de 2022 (Source : France travail), cela n’a pas été le cas en France avec seulement quelques soubresauts. Ce qui est loin d’être une tendance de fond. Et l’ancienneté des salariés du secteur privé d’être plutôt stable depuis une vingtaine d’année, avec une moyenne de 11 ans par salarié au sein de la même structure. Autre sujet d’inquiétude, l’implication des salariés au sein des entreprises. Côté pile, il est communément intégré que le travail n’est plus chez la plupart des personnes la préoccupation numéro 1, où la plupart parlera plutôt d’équilibre subtil entre vie personnelle et vie professionnelle. Côté face, une enquête Ifop pour Diot-Siaci a montré que 68 % des salariés affirment « s’investir autant qu’avant la crise dans leur travail » et 77 % considèrent en général « faire plus que ce qui est attendu d’eux ». Bien loin donc d’une démission silencieuse ou « quiet-quitting ».

A l’heure où le sujet de la charge mentale occupe le devant de la scène, les voyants concernant vos salariés paraissent néanmoins être au vert. Que ce soit sur l’implication ou le temps qu’il vous resteront fidèles. Gageons qu’il n’est cependant pas pertinent de s’endormir sur ces constats. Quels leviers activer pour permettre aux salariés de rester fidèles et engagés sur la durée ? Il y a bien entendu les critères immuables : salaires, plan de carrière, avantages sociaux, reconnaissance… avec des degrés de perception variés. Prenons le cas des régimes de prévoyance collectifs : à part un DRH qui se soucie du montant d’une rente invalidité ou d’un forfait obsèques dans une entreprise. A l’inverse, dans le même domaine, préparez-vous à avoir un siège derrière votre porte si vous baissez les niveaux de remboursement d’un régime frais de santé (ou plus vulgairement de la mutuelle de l’entreprise) en plein milieu d’un traitement d’orthodontie d’un enfant de salarié. Dans un contexte d’optimisation du temps de travail – temps de télétravail sur la semaine, semaine de quatre jours (dont un des chantres en France n’est autre que Laurent De la Clergerie, dirigeant de LDLC) – le sujet du pouvoir d’achat est d’autant plus prégnant. Avoir du temps c’est bien, avoir les moyens de l’occuper c’est mieux. C’est certainement là où les grandes entreprises ont une longueur d’avance sur les TPE : Comité d’Entreprise, Intéressement/participation, régimes complémentaires de retraite. C’est ce « vide » pour les petites structures qui a favorisé l’émergence d’acteurs comme WiiSmile qui répondent à ces besoins. 

Bien que les tendances restent favorables et que la plupart des chefs d’entreprise aient conscience de la nécessité de faire bouger les lignes pour rassurer leurs salariés, l’herbe sera toujours plus verte ailleurs. Nature humaine oblige. On ne prend réellement conscience des choses qu’après les avoir perdues. On n’empêchera jamais l’opportunisme non plus. Et puis, cet apprenti à qui vous aviez donné une chance, que vous avez formé, qui a grandi à votre contact et qui vous quittera bien avant 11 années, est-il blâmable pour autant ? A l’inverse, n’a-t-il pas constitué une main d’œuvre à moindre coût tout en effectuant les tâches d’un salarié classique ? Le monde du travail et tout aussi nuancé que celui qui nous entoure.  

Je vous laisse, je vais regarder l’excellent sujet de CNEWS sur comment obtenir 93 jours de repos en 2025 en posant 7,5 CP. Erratum : je ne suis pas concerné, le karma de l’entrepreneur sûrement.  

Eric Torremocha revient pour une nouvelle tribune partenaire la semaine du 26 mai.

Vous souhaitez également faire paraître une tribune dans Les Indiscrétions ? Contactez-nous à amelie@agencehv.com et julie@agencehv.com