
Dans un contexte inédit d’instabilité politique et de manque de visibilité sur la loi de finances, l’activité économique est atone. Le moral des investisseurs de la zone Euro, mesuré par l’indice Sentix, atteint son plus bas depuis novembre 2023. C’est encore pire du côté de nos voisins germaniques, « plombés » par les annonces de Trump sur les droits de douane notamment, qui risquent de plonger l’Allemagne dans une longue et profonde récession.
Dans ce contexte poisseux, que les Jeux de Paris 2024 semblent être loin ! Un succès à tous les étages qui avait redonné de l’allant à toute une nation. Montrant aux yeux du monde que la France était encore un pays capable de grandes choses. Jusqu’à l’Occitanie, merveilleuse terre d’entraînement et de passage de la flamme. Comme, par exemple, ce séjour remarqué de l’équipe d’Argentine de handball en Camargue (à relire en cliquant ici).
Au point de faire passer le lancement de « Los Angeles 2028 » pour une « beach party » au rabais, malgré la présence des poids lourds de l’industrie musicale domestique.
Certains avaient pressenti que l’héritage de Paris 2024 pouvait être bradé, au même titre que le tube de l’été ne passerait pas septembre. La réalité est encore plus froide. L’Etat, qui n’est plus « providence », est à bout de ressources et doit faire des choix épineux. Et à date, le sport est le premier touché avec des coupes drastiques dénoncées par de nombreuses fédérations sportives dans des posts sur les réseaux sociaux brandissant un carton rouge à Bercy. Car l’enjeu est sociétal. Le sport est un des piliers de l’éducation au même titre que la culture. Il donne un cadre à nos enfants, une vie saine, un projet collectif. Autant de thèmes qui ont des conséquences sur les sujets régaliens. Michaël Jeremiasz, champion olympique de tennis fauteuil, patron de la délégation paralympique française à Paris dresse un constat sans détour : « La France une nation de sport ? Arrêtez de vous moquer de nous. Les sports, c’est 0,2 % de l’engagement budgétaire national ! » (son post LinkedIn à lire ici). Et certainement pas 0,2 % en termes d’impact économique, tant il est pourvoyeur d’emplois notamment. Nous pourrions aussi pousser le questionnement sur sport et handicap, des thèmes chers à Michaël, honte absolue dans son traitement actuel.
En parallèle, à l’image des milliardaires qui se sont enrichis trois plus vite en 2024 qu’en 2023 alors que les pauvres le sont toujours autant, les fossés se creusent entre grands et petits clubs dans le sport professionnel. Dans le foot d’aujourd’hui, le constat est alarmant. Certains clubs de Ligue 1, non qualifiés en Coupe d’Europe, doivent avoir recours à l’emprunt pour faire face à leurs charges fixes et prévoient même des plans sociaux. De là à ce que des assises sur le thème « repenser l’économie du sport » voient le jour, il n’y a qu’un pas. Ce trompe-l’œil accouchera probablement d’une souris puisque les vrais acteurs et les financeurs majeurs – les partenaires privés – ne seront pas décisionnaires.
Les dotations des collectivités territoriales fondent à vue d’œil, il est temps de laisser le secteur privé pouvoir exprimer un vrai rôle d’investisseur. C’est le cas des enceintes sportives, marronnier multi sports. Donner la possibilité à un club sportif professionnel d’être propriétaire de son outil de travail, c’est le rendre autonome. Et ainsi permettre à une collectivité de se désengager et de ré allouer ses budgets sur d’autres thématiques. Faire confiance à des chefs d’entreprise qui ne dépenseront pas un euro s’ils n’en ont pas déjà deux dans la poche, voilà ce que pourrait-être le projet ! Ce qui aurait aussi pour vertu de redevenir compétitif sportivement !
Reprendre une respiration, redonner du souffle au sport en comprenant qu’il est à lui seul un pan entier de l’économie et plus qu’un simple sujet de débat de plateau télé. Sans culture et sans sport, un pays perd son âme. Parce que ça doit être notre projet d’avenir, et pas seulement celui de Tony Estanguet (président de Paris 2024).
Je vous laisse, je dois déposer mes gamins à leurs activités sportives de la semaine.
Eric Torremocha revient pour une nouvelle tribune partenaire la semaine du 17 février.
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