10 ans après avoir perdu son statut de capitale régionale, Montpellier est-elle déclassée ? 

6 janvier 2025

Pour compenser la perte du statut de capitale régionale et une taille restreinte, Montpellier tisse des partenariats avec les territoires voisins, et cultive des filières économiques spécifiques. Enquête des Echos et des Indiscrétions.  

©Ville de Montpellier
©Ville de Montpellier

Dix ans après avoir perdu son statut de capitale régionale, au profit de Toulouse, dans le cadre de la création de la grande région Occitanie fusionnant les anciennes entités Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, Montpellier, 7e ville de France, change de logiciel pour rester attractive. Principal changement, et non des moindres : la hache de guerre avec les collectivités voisines est enterrée. Alors que Toulouse est naturellement dopée par l’aéronautique, il s’agit, dans un Languedoc peu industriel, de faire front, sur un territoire élargi, en misant sur ses propres armes. « La métropole ne peut se construire en opposition avec ses territoires voisins », résume Michaël Delafosse, maire PS de Montpellier et président de la Montpellier Méditerranée Métropole, élu en 2020.
« La perte du statut de capitale régionale a été un électrochoc, source de vitalité. Il a fallu redoubler d’effort, être plus inventif et créatif », glisse Samuel Hervé, président du Medef Occitanie, aux Echos.

Nouvelle logique. Terminées, les piques homériques de feu Georges Frêche auprès des autres édiles, qui ont laissé des cicatrices encore béantes. Comme cette ligne de tramway qui échoue bêtement à 1,5 km du littoral, au milieu d’une zone pavillonnaire, après la sortie de la commune de Palavas-les-Flots, seule ouverture vers la mer, en 2005 avec fracas de l’agglomération montpelliéraine. À présent, le développement se concerte avec les intercommunalités voisines – Pays de l’Or, Sète Agglopôle, Grand Pic Saint-Loup, Vallée de l’Hérault, Lunel Agglomération, etc. -, sous la houlette d’une agence dédiée, qualifiée ‘de développement et des transitions’.  
Pour retenir dans l’aire urbaine des entreprises et des emplois à fort potentiel, Montpellier accepte de voir partir hors de ses frontières administratives certaines de ses pépites : Zimmer Biomet (robotique chirurgicale) et Inits (services pharmaceutiques) dans le Parc Industries Or Méditerranée, à Mauguio, ou encore Biodol Therapeutics (traitement contre les douleurs neuropathiques) à Montarnaud.

Manque de foncier. Pour la 2e ville d’Occitanie, il n’y a pas vraiment le choix. Avec ses 31 communes, la métropole est à l’étroit, sans aéroport, ni port, ni ouverture vers la mer. Le foncier d’activité y fait largement défaut. « Montpellier n’est pas une vraie métropole. Regardez, en comparaison, les conurbations Aix-Marseille ou Lille-Roubaix-Tourcoing », taclait Hugues Moutouh, alors préfet de l’Hérault, en 2022. 
Les nouveaux habitants, charmés par les conditions météorologiques et l’offre culturelle, sportive et académique, affluent. La ville-centre compte plus de 310.000 habitants selon les chiffres de l’Insee, présentant un taux de croissance annuelle de 1,5 % entre 2016 et 2022, supérieur à la moyenne précédente (+ 1,3 %, sur 2011-2016).

Ville du quart d’heure. Comme clé de réponse, l’édile socialiste, géographe de formation, entend développer le concept du ‘ville du quart d’heure’, en répartissant la population au-delà du seul périmètre de la métropole, à Lunel, Frontignan et Sète, le long de l’axe ferroviaire où circulent les trains régionaux.

Pas de combat entre Toulouse et Montpellier. Selon lui, le risque de concurrence directe entre les deux métropoles, « bien réel en 2015 et 2016 », ne s’est pas concrétisé. « Toulouse et Montpellier ont cessé tout type de combat, pour passer à un stade de coopération. Un contrat de coopération a été signé en avril 2024 (croquer en cliquant ici), pour renforcer leurs propres structures économiques et scientifiquesLes centres décisionnels sont certes à Toulouse, mais la taille de la région, très grande, exige que l’on n’oublie pas Montpellier », relève-t-il.

Une identité régionale incertaine. Depuis 2015, une forme de superbe a quand même été perdue, selon certains. « Avant, des chefs d’entreprises dirigeaient les agences économiques régionales. Ce n’est plus le cas. On a perdu en proximité », relève un entrepreneur. « Des clubs sportifs professionnels perçoivent moins de subventions », analyse un autre. « Si Montpellier était capitale régionale, il nous serait plus facile de ‘toucher’ Carole Delga, présidente de l’Occitanie, même si je reconnais ses efforts pour venir souvent », complète Céline Torres, présidente du Pôle Habitat FFB Occitanie – malgré ses fonctions régionales, elle concède son « chauvinisme ».
La taille de la région a aussi du bon : « La dynamique portée par le Medef Occitanie est une bonne chose pour les Medef territoriaux. Il n’y avait pas une telle dynamique à l’époque des anciennes régions », analyse Jean-Marc Oluski, président du Medef Montpellier.

En savoir plus dans l’article « Comment Montpellier s’est réinventée après avoir perdu son titre de capitale régionale », paru dans Les Echos le 15 janvier.

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