A69 : reprise du chantier en vue dans un contexte explosif

2 juin 2025
A69 Bannieres Pont VC La Greze Juin 2024 - Les indiscretions
©DR

L’annonce de la possibilité de reprise du chantier de l’autoroute A69 entre Castres (81) et Toulouse (31), suite à la décision de la cour d’appel administrative de Toulouse, ravive les lignes de fracture. Soutien sans réserve, soulagement, consternation ou colère : des élus, syndicats, citoyens ou opposants environnementaux, chacun a tenu à faire entendre sa voix. 

Soulagement chez les partisans du projet. Jean-Louis Chauzy, président du CESER Occitanie, se félicite de la reprise, lit-on dans un communiqué de presse ce 28 mai. Il insiste sur l’intérêt général défini par les élus du suffrage universel, et appelle à rendre au Parlement la légitimité du débat démocratique. Il cite le bassin de Castres-Mazamet, qui aurait besoin de cette autoroute pour son attractivité (santé, université, économie, etc.). 

« Incompréhension et colère ». Anne Stambach-Terrenoir, députée LFI (2e circonscription) de Haute-Garonne, proteste sur X dans une déclaration virulente contre la reprise des travaux de l’A69. Selon elle, l’acceptation du sursis à exécution est un coup porté à la justice et à la protection de l’environnement. Elle dénonce un « droit à détruire » accordé par l’État, qu’elle qualifie de « pouvoir autoritaire » imposant sa volonté malgré l’absence de raison impérative d’intérêt public majeur. Cette décision traduit une urgence mal placée pour la députée, celle du concessionnaire et de l’État, « prêts à tout pour finir le chantier avant que la justice ne rende ses décisions ». 

Pour les pro-A69, une décision au service de l’emploi. Brigitte Micouleau, élue locale, se félicite sur les réseaux sociaux de la reprise des travaux. Pour elle, cette décision de la cour administrative d’appel de Toulouse est « une bonne nouvelle pour les habitants du bassin d’emploi de Castres-Mazamet ». Elle rappelle que ce projet, « jugé d’intérêt public majeur », avait bénéficié d’un large consensus. 

Les collectifs anti-A69 crient au scandale. Pour le collectif « La voie est libre », repris par Le journal d’ici, la reprise du chantier suscite « sidération » et « inquiétude ». Ils dénoncent une décision prise à la hâte par la justice, et l’absence de prise en compte des effets environnementaux. Ils rappellent que plusieurs recours en justice sont toujours en cours, et s’interrogent sur la légalité de la reprise. 

Carole Delga, défenseure de l’A69. Quant à Carole Delga (PS), présidente de la région Occitanie, elle se félicite d’« une décision de justice », selon des propos rapportés par Actu Toulouse. Elle exprime son soutien aux habitants et aux entreprises du sud du Tarn, « qui attendent la concrétisation de ce projet depuis plus de 30 ans ». Elle rappelle également l’ampleur de la concertation engagée autour de ce chantier, « 15 ans de concertation », une déclaration d’utilité publique obtenue en 2018, près de 300 M € déjà investis et 1000 salariés mobilisés depuis 2023. Soulignant que les travaux sont « achevés aux deux tiers », elle plaide pour qu’ils « puissent se terminer dans de bonnes conditions pour le bassin de vie de Castres Mazamet ». 

Le chantier redémarre, mais les tensions restent vives (analyse des Indiscrétions). Si les pelleteuses sont de retour entre Castres et Toulouse, les désaccords, eux, restent profonds. L’autoroute A69 incarne un projet emblématique des contradictions françaises entre développement local, urgence climatique et légitimité politique. La suite du chantier s’annonce technique, mais aussi hautement politique. 

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