
Le Parc des Expositions de Béziers a accueilli Intersud, un salon biannuel dédié à l’industrie et aux achats responsables, ce 4 juin. Des tables rondes avec des intervenants en verve, présentation d’innovations et autres tractations et levées de fonds, Les Indiscrétions étaient sur place en n’en ont pas raté une miette.
« Une belle autoroute ». S’adressant à son homologue du Tarn, Michel Bossi, présent à l’inauguration du salon Intersud (Béziers), André Deljarry, président de la CCI Hérault (et lui-même Tarnais), lance avec un brin de délectation : « Je salue le Tarn, avec une belle autoroute en prévision », en allusion au controversé projet d’autoroute A69 (Les Indiscrétions en parlent dans la newsletter du 2 juin, à croquer ici), dont les travaux ont été suspendus en février et vont finalement reprendre à la suite d’une décision de la cour administrative d’appel de Toulouse.
Ami de 30 ans. « Je suis ami depuis 30 ans avec Robert Ménard (maire de Béziers). Je l’ai aidé pour Reporters sans Frontières (dont Ménard est cofondateur, en 1985), et j’en suis fier. Quand on vient me voir, généralement, c’est pour ça (pour financer, ndlr) ».
Et Robert Ménard d’ajouter : « Faites pas les marioles, y en a ici qui étaient moins généreux que lui ».
Du foncier. Sur le plan politico-économique, Béziers Méditerranée a profité de la tenue d’Intersud pour afficher ses disponibilités en matière de foncier d’activité économique, notamment sur la Zac Mazeran. « On a des terrains pour vous accueillir. Ils sont moins chers qu’ailleurs. Regardez à Montpellier… J’ai un tropisme anti-montpelliérain », a glissé Robert Ménard.

Plus de 500 rendez-vous BtoB. Le salon Intersud permet une mise en relation entre grands comptes et sous-traitants. Lors de cette édition 2025, 56 grands comptes étaient présents, 162 sous-traitants, 25 entreprises dans l’espace « Industrie du futur » et 502 rendez-vous BtoB.
Deux villes historiquement ouvrières…« dans la région » ? « Je suis fier d’accueillir Intersud à Béziers, une ville qui fait partie des deux cités historiquement ouvrières de la région avec Alès », se félicite Robert Ménard. Derrière lui, François-Xavier Lauch (ancien préfet du Tarn) fait la moue : « Il y a aussi Castres dans la région… ». Et l’édile de Béziers de s’emballer : « Mais je m’en fous, ce n’est pas en Languedoc-Roussillon, vous n’allez pas commencer à me casser les co*illes (sic) avec l’Occitanie, c’est comme ça ».
Préfet Lauch : « Moins de diplômes en psychologie, plus de formations qualifiantes ». Visiblement amusé par les joutes oratoires précédant sa prise de parole, le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch relève : « Il se passe quelque chose à Béziers. Je suis dans les comités de pilotage Eden. La tradition industrielle d’ici a été un temps chancelante, on le sait : il y a encore des déblocages de crédits pour des PSE à Cameron. »
Le préfet a plaidé pour « moins de diplômes en psychologie et histoire de l’art, et davantage de formations qualifiantes, plus courtes, plus économes et qui permettent d’avoir une main-d’œuvre efficace et utile. Il n’y a pas une seule entreprise qui n’a pas des difficultés de recrutement, et pourtant, le taux de chômage s’élève à 10,3 % dans l’Hérault. Ça me rend dingue. C’est le sens de la réforme de France Travail. Il reste beaucoup à faire sur la valeur travail et pour remettre à l’honneur l’image de l’industrie. »

APS veut booster la performance industrielle des PME. Implantée à Béziers, la deeptech APS développe une solution de pilotage industriel pensée pour les petites structures manufacturières. « Nous voulons rendre accessible quelque chose que les grands groupes s’arrachent à prix d’or », indique Alexandre Mallet, responsable commercial, aux Indiscrétions. Pour 15 000 € par an, une entreprise peut déployer une plateforme modulaire qui centralise supervision, planification et production, contre plusieurs millions d’euros et des mois d’intégration pour les solutions classiques. Portée par une R&D soutenue (brevets, incubations, soutien Bpifrance), APS vise 5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2030, avec 60 clients industriels. « Lors d’Intersud, nous présentons la V0, au SIANE, nous présenterons la V1, et la V2 à Global Industrie juste avant la commercialisation mi-2026 », souffle Alexandre Mallet. APS emploie 13 personnes et vise un effectif de 30 salariés d’ici 2026.
Levée de fonds auprès d’investisseurs locaux. Au détour du stand d’APS, Jean-Paul Alic, président de Melies Business Angels, présente APS à plusieurs investisseurs potentiels. « Nous espérons lever 1 M€ d’ici juillet, indique-t-il aux Indiscrétions. C’est encore mieux si nous y arrivons avec des investisseurs locaux ».
Geoservices pour la gestion industrielle par drone. Fruit de la collaboration entre Instadrone, Delta Automatisme et ITS Fusion, la solution Geoservices ambitionne de révolutionner la gestion des sites industriels. En agrégeant des photos haute précision, modélisation 3D, ou encore de l’imagerie terrain, la plateforme offre une vision unifiée et dynamique des installations. Développée sur une base fournie par Altametris (filiale de SNCF Réseau), Geoservices est déjà utilisé par Suez, Veolia ou SLB. « Elle permet autant la surveillance technique que la formation à distance ou la préparation d’interventions à risque. Son atout : centraliser, visualiser et exploiter l’ensemble des données d’un site en quelques clics », explique Cédric Botella, fondateur et dirigeant d’Instadrone (Villeneuve-lès-Béziers, 34) aux Indiscrétions.
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Ergosanté et le confort au travail. Également présente, l’entreprise basée à Anduze (30) venait présenter ses produits destinés au confort au travail : exosquelettes pour les métiers des travaux publics (marque Hapo), et chaises de bureau (marque Manufacture des Cévennes). L’entreprise emploie 130 salariés, dont plusieurs personnes en situation de handicap, et propose plusieurs gammes de produits reconditionnés. « Nous ne travaillons pas avec tel ou tel grand compte. Les entreprises viennent nous voir selon les besoins. Notre dernier client ? Enedis ! », glisse Frédérique Salvignol, responsable achat d’Ergosanté.
Béziers, « l’eden industriel ». « L’un des piliers repose sur la formation des demandeurs d’emploi, lâche Luc Mas directeur général de SLB. 80 % des personnes passées par Eden ont retrouvé un emploi ». « On ne créé pas d’emploi, mais on aide les gens à s’implanter au mieux », indique Alban Gérard, directeur de Pulse Béziers-Méditerranée. Avec un exemple, celui de Genvia. « Pour cette entreprise, il y a eu le parti pris du président de geler tout le foncier nécessaire. Nous étions en concurrence avec d’autres endroits en France, c’est peut-être ça qui a fait la différence », indique-t-il. Il pense également que le Biterrois ne se développera pas sans un coup de boost sur l’offre d’enseignement supérieur, aux côtés de Mathieu Dossat, vice-président industrie à la CCI Hérault, Nathalie Boisjot, facilitatrice Club Industrie RH à Eden, et Jérôme Jullien, vice-président de l’UIMM Occitanie.
Réfléchir à l’impact des achats responsables. Autre thème de table-ronde de cette journée : quels leviers pour un développement industriel plus vertueux ? Première piste pour Mikhaël Philippon, responsable achats de la communauté d’agglomération de Sicoval : les achats publics. « On ne peut plus faire comme on faisait avant ». Il estime que la commande publique doit intégrer des critères sociaux, environnementaux et d’impact territorial. Cette démarche est rendue possible par une planification des achats, et une budgétisation sur plusieurs années. « Nous sommes en train de sortir des budgets annuels, c’est une grande avancée chez nous, annonce Chantal Marchive, chargée de mission RSE à la Mutuelle des Motards. Nous avons arrêté d’acheter nos produits de communication à l’année. »
Le 19 mai, Les Indiscrétions présentaient l’événement dans un encadré à relire juste ici : Intersud : tous les grands comptes industriels sur un plateau, le 4 juin à Béziers.