La CPME Hérault alerte sur la situation des TPE/PME

20 novembre 2023

Difficultés de recrutement, hausse des prix, transitions… Face aux différentes crises, la CPME Hérault tire la sonnette d’alarme sur la situation des entreprises qui se dégrade, notamment les TPE-PME, lors d’une conférence de presse le 15 novembre à Montpellier. Les Indiscrétions étaient présentes, également pour notre confrère ToulÉco (lire en cliquant ici). 

conférence de presse CPME Hérault, 15 novembre ©Amélie Cazalet (Agencehv)
Que des femmes ©Amélie Cazalet (Agencehv)

Les TPE-PME en première ligne. « Crises sanitaire, sociétale, militaire, migratoire, sécuritaire, transitions écologique et numérique, inflation… L’ensemble de ces événements impactent les entreprises, et notamment les TPE et PME qui sont les plus touchées », lance Grégory Blanvillain, président de la CPME Hérault.  

Création d’emplois sur le territoire. « Plus de 10.000 emplois vont être créés sur le territoire héraultais avec Med Vallée, les industries culturelles et créatives à Vendargues, les énergies renouvelables, le réemploi, le recyclage… De belles opportunités nous attendent », tempère Grégory Blanvillain.  

Difficultés de recrutement. « Les entreprises perdent du chiffre d’affaires à cause des problématiques de recrutement. Dans le secteur de l’aide à la personne, 300.000 à 400.000 postes sont à pourvoir au niveau national d’ici 2026 », assure Stéphanie Sanchez, déléguée départementale Hérault de la Fédération des services à la personne et de proximité. « En 2022 et début 2023, la profession de géomètres experts, qui compte 10.000 salariés à l’échelle nationale, cherchait 2.000 voire 2.500 collaborateurs », relate Olivier Roque, président de l’UNGE (Union nationale des géomètres experts) Occitanie. Côté bâtiment, la FFB Hérault tente d’attirer les jeunes dans la filière en les formant, en mettant en avant les conditions de travail, les avantages de la filière… « Les entreprises doivent continuer de former des jeunes malgré le contexte difficile. C’est un investissement pour l’avenir », déclare Gilbert Comos, président de la FFB Hérault. « Les jeunes ne veulent pas bosser le dimanche, ni les jours fériés, commencer à 6h30 c’est trop tôt, ils veulent une rémunération minimale de 2.000 €… Ce n’est pas la réalité du terrain ! », désespère Jérémy Pézières, président de la confédération des buralistes de l’Hérault. « Il faut arrêter les job dating, il faut que les personnes viennent nous voir sur le terrain, dans nos métiers », projette Stéphanie Sanchez.  

Hausse des prix. Augmentation du prix des matières premières, de l’énergie, de l’essence… « Nous devrions augmenter les prix de vente ; Or, nous n’aurons pas en face une proportion de personnes capables d’acheter », déplore Vincent Aguilera, président de la CPME Occitanie. « Nous ne pouvons plus supporter la hausse des prix, confirme Jacques Mestre, président de l’UMIH Hérault (café, hôtel, bar, restaurant, discothèque) et restaurateur à La Grande-Motte (34). Le prix de l’électricité dans mon restaurant est passé de 1.000 à 4.000 euros par mois, soit une augmentation annuelle de 36.000 euros. »  

Congés payés pour les arrêts maladie. Autre point noir soulevé par l’ensemble des acteurs : payer les 2,5 jours de congés par mois aux salariés en arrêt maladie. « Cela revient à dire qu’il faut payer des congés qui ne seront pas pris, et en plus, embaucher quelqu’un d’autre pour le remplacer », explique Vincent Aguilera.  

Bâtiment : destruction de 3.000 emplois. La filière du bâtiment compte 1,3 million d’emploi au niveau national, et 26.000 dans l’Hérault. « Nous tendons vers une destruction massive des emplois : entre 150 et 180.000 destructions d’emploi au niveau national et 3.000 dans le département, du fait de toutes les crises que nous traversons », alerte Gilbert Comos. Autre difficulté décelée par le président de la FFB Hérault : la concurrence étrangère. « On nous oppose à des entreprises provenant d’autres régions, étant plus performantes que des entreprises locales en raison notamment d’une masse salariale plus importante. Pourtant, il faudrait faire appel à des entreprises locales. Ce sont les employés qui consomment ici, qui se logent, etc. »  

Construire plutôt que rénover. « Avec la hausse de près de 20 % du prix des matériaux, il est devenu moins onéreux de construire du neuf que de rénover des habitats existants », observe Olivier Roque.  

850.000 logements manquants. Avec les contraintes environnementales et la politique de zéro artificialisation nette à horizon 2050, le nombre de logements manquants serait estimé à 850.000, d’après Patrick Ceccotti, président d’ABCD (Académie du bâtiment et de la Cité de Demain). Dans le même temps, les permis de construire sont en baisse : « 31.700 permis de construire ont été accordés en 2023 contre 49.100 l’an passé, soit une baisse de 35 % en un an », ajoute Patrick Ceccotti. Or, « le droit à se loger est essentiel ! », s’exclame Gilbert Comos.  

Diversification des buralistes. « Depuis 2023, les buralistes font face à l’augmentation de la fiscalité sur le tabac. Donc, les consommateurs vont en Espagne car c’est moins cher », regrette Jérémy Pézières. Pour contrebalancer, les buralistes proposent désormais de nouveaux services : « des agences de La Poste ferment régulièrement donc nous récupérons les services postaux du lundi au dimanche, certains buralistes récupèrent des services publics tels que le paiement du stationnement, l’inscription à la crèche pour les enfants… », énumère Jérémy Pézières.

Transformation de la filière automobile. Fermetures des stations-services en milieu rural, des stations de lavage, installation de bornes électriques… La filière automobile connait des chamboulements. « Il y a quelque temps, on nous disait qu’on ne pourrait peut-être plus se chauffer, mais en même temps on nous demande de vendre plus de voitures électriques … », sourit Michel Anduze, responsable territorial Occitanie de Mobilians, collectif qui fédère les entrepreneurs de la mobilité. Par ailleurs, la hausse du prix du carburant pousse les auto-écoles à revoir leur modèle. « Les auto-écoles réfléchissent à investir dans des simulateurs pour réduire le temps de conduite avec une voiture réelle, appuie Michel Anduze. Il faudrait qu’elles en aient 5 ou 6, sachant qu’il faut compter en 70 et 100.000 euros par simulateur ! »

Les secteurs du digital et des ENR ont le vent en poupe. A contrario, deux filières semblent tirer leur épingle du jeu, à savoir le digital et les ENR (énergies renouvelables). « En période de crise, les budgets se tendent, mais les entreprises ont quand même besoin d’optimisation, indique Gaël Philippe, administrateur du cluster Digital 113. Côté ENR, « avec le prix de l’énergie, nous avons une ENR compétitive. En faisant de la vente directe d’énergie, nous permettons aux industriels de diminuer leur facture énergétique », déclare Stéphane Bozzarelli, président du cluster de la transition énergétique en région Occitanie Cemater. Cependant, les problèmes de recrutement se font également ressentir. « Nous devons aller chercher des profils dans d’autres filières, comme l’automobile, et ensuite nous les formons », admet Stéphane Bozzarelli. « Le problème, c’est que nous ne formons pas sur des métiers. On ne peut pas être un spécialiste en informatique. Il faut connaître le métier ! », conclut Gaël Philippe. 

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