
Comment la recherche sur l’infiniment petit est promesse d’avenir…. Tout en posant des défis considérables aux chercheurs et laboratoires.
Ce 30 avril, au sein de la Cité de l’économie et des métiers de demain, l’agence Ad’Occ et la SATT AxLR coorganisent la Journée du Quantique. Dans un contexte particulier : la France a (en partie) raté virage du numérique et de l’IA. Le quantique présente une opportunité pour le XXIe siècle. Alors, le quantique, douce utopie encore trop lointaine, ou aéronautique du nouveau siècle ?
Olivier Ezratty a abordé dans sa keynote plusieurs questions (car le quantique est un domaine recélant plus de questions que de réponses) : Comment est conçu un ordinateur quantique ? Pourquoi ce n’est pas encore fonctionnel ? Quels défis technologiques pour y arriver ? Quelle est la roadmap des acteurs du marché ? Quel horizon de temps pour obtenir des machines ?
Quelle stratégie nationale, pour placer la France dans la compétition mondiale ? Table ronde avec l’ingénieur quantique Félix Givois, Félicien Schopfer (Laboratoire National d’Essais) et Olivier Serre CNRS, coanimé avec Kenneth Maussang (Université de Montpellier).
Pas que le calcul quantique. « Au-delà du calcul quantique, il y a des applications plus immédiates, comme les capteurs et la communication, explique Félicien Schopfer. Les capteurs sont un domaine d’application qui est mûr, avec des startup déjà créées. Des produits commerciaux fonctionnent. On ne le sait pas toujours, car les promesses sont tellement importantes sur le calcul quantique. »
« Attention au risque de Quantum Winter (hiver quantique), prévient Kenneth Maussang. Le hardware n’avance pas assez vite. Donc, on risque d’avoir un coup de frein soudain, parce que les performances ne suivent pas. » « Avec les outils d’évaluation mis en place par France Metrix, on évitera justement le ‘quantum winter’ », évalue Félicien Schopfer.
« L’Occitanie tire son épingle du jeu, avec l’Institut Quantique Occitan et la Maison du Quantique. La Région investit massivement et a fédéré des physiciens quantiques », décrypte Franck Berthu, cheville ouvrière de la journée avec Laurent Biasetti.
Terres rares. Parmi les enjeux déterminants identifiés : la montée en compétences (programmateurs quantiques, entre autres) et la question de souveraineté en matière d’approvisionnement (terres rares et matériaux critiques), qui ne sera jamais totale.
Laurent Xatart et Bertille Houadjeto-Koffi ont également présenté le dispositif QuantXium, programme national piloté par CNRS Innovation et la SATT AxLR, qui veut faire de la France un leader mondial du quantique.

La Région Occitanie ne veut pas rater le train. Jalil Benabdillah, vice-président à la Région en charge de l’économie, de l’emploi, de l’innovation et de la réindustrialisation, détaille l’investissement de l’Occitanie dans le domaine dans un post LinkedIn : depuis 4 ans, 2 M€ investis dans l’institut quantique Occitanie via le Défi-clé (2021-2025), 19 bourses doctorales financés dans le cadre de QuantEdu-France, et désormais 3,6 M€ (dont 1,12 M€ de subventions) pour la Maison du Quantique Occitanie. Cette dernière s’appuie sur un consortium d’universités, de laboratoires, de centres de calcul, de grands groupes, de startups et de la SATT AxLR.
Quel écosystème autour de la Maison du Quantique Occitanie ? L’après-midi a été l’occasion d’ouvrir et de présenter la Maison du Quantique Occitanie, et son écosystème, entre plusieurs études de cas. Cette initiative est « l’occasion d’augmenter les compétences de la région en calcul notamment », estime Katia Jaffrès-Runser, porteuse du projet, professeure à l’INP de Toulouse et chercheuse au sein du laboratoire Irit. La Région Occitanie a été retenue, parmi 5 régions, pour accueillir une Maison du Quantique.
L’Occitanie se découpe en deux sites : un à Toulouse, et l’autre à Montpellier. « L’idée, c’est d’aller voir des entreprises, et comprendre leurs cas d’usage. Il faut donner des sujets pertinents pour le calcul quantique à court terme », ajoute Katia Jaffrès-Runser. « La difficulté, c’est de développer l’écosystème, de le faire vivre, estime Jean-Louis Liévin, du Group GAC. Aujourd’hui, tous les acteurs ne sont pas présents pour cette Journée du Quantique, il faut aller les chercher. On a identifié 770 sociétés intéressées par des cas d’usage sur la région Occitanie ». Et Katia Jaffrès-Runser de rappeler les missions de la Maison du Quantique : organisation d’événements de sensibilisation au quantique pour mieux décrire les avancées, offre d’accompagnement pour les chercheurs ou les entreprises, mise en relation avec des experts du consortium…
La suite de la journée a été rythmée par des interventions de Félix Grivois (Genci) et Jean-Baptiste Latre au sujet de HQI et du réseau national des maisons du quantique, de Xavier Geoffret qui a présenté l’ordinateur quantique photonique de Quandela, d’Olivier Hess (Eviden) pour des cas d’usages et algorithmes quantiques, ou de Bruno Senjean (ICGM-CNRS) pour une application à la chimie quantique.
> Agencehv a eu le plaisir d’animer les débats et prépare la rédaction d’un compte-rendu dédié. Pour retrouver nos dernières animations, cliquez ici.