L’industrie régionale à l’heure de l’innovation

25 septembre 2023

« Innovation, gage de réindustrialisation ? » et « Stratégie, finance, quels réflexes à adopter ? » : Agencehv a eu le plaisir d’animer les deux tables rondes de l’assemblée générale de l’UIMM Méditerranée Ouest (président : Pierre-Damien Rochette), le 19 septembre à Station M à Baillargues (34). Animer, c’est bien. Revenir dessus, c’est encore mieux.

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AG de l’UIMM Méditerranée Ouest, ce 19 septembre à Baillargues. ©Amélie Cazalet (Agencehv)

Innovation hors R&D. Président du Groupe Rochette Industries (Mécanic Sud Industries, notamment, à Béziers), Pierre-Damien Rochette a développé l’innovation hors R&D, mise en place dans sa PME de 150 salariés : digitalisation des process et passage à l’usine 4.0 (aide de 300 k€ la Région Occitanie), diversification dans le secteur de l’hydrogène avec le projet Genvia (« métiers de soudure et de chaudronnerie que l’on ne faisait pas jusqu’à présent »), bonnes pratiques RH (assouplissements des horaires, aménagement d’une salle de coworking et de détente, mensualisation des heures supplémentaires, formations…), et partenariat avec Sirius Space Services, start-up du new space. « Rochette Industries a investi 350 k€ dans cette start-up il y a 3 ans. C’est pour nous une première. Nous faisons l’usinage de leurs pièces mécaniques », explique Pierre-Damien Rochette.  

 
Bpifrance. Émilie Vidal, nouvelle directrice régionale de Bpifrance Occitanie sur la partie Méditerranée, a présenté aux quelque 150 industriels présents les dispositifs pour financer le BFR, garantir les prêts, s’engager dans la transition énergétique…  
 
Témoignages. À la clé, le témoignage éclairant de quatre entreprises industrielles du territoire. Acusurgical et Incare ont détaillé leur utilisation de l’Industry Lab, le fab lab de l’UIMM Méditerranée Ouest ? « Nous avons travaillé avec eux en phase amont du projet, quand il nous fallait fabriquer le prototype du robot. L’Industry Lab accélère l’industrialisation. On voit aussi ce qui n’est pas, au final, réalisable, techniquement et/ou financièrement », explique Christoph Spuhler, CEO d’Acurgical. « L’Industry Lab nous a assistés pour la fabrication et le choix des procédés pour des pièces mécaniques. Il faut trouver des fournisseurs industriels qui réalisent ces pièces répondant à nos spécifications. Le Lab nous ouvre les yeux sur les possibilités ou impossibilités techniques ou financières de telle ou telle pièce. Les tests effectués dans le Lab Industry peuvent nous faire comprendre qu’il va nous falloir payer plus que prévu pour avoir une pièce adéquate. On peut ainsi voir ce qui est irréalisable, et prévoir de se limiter dans l’usage en cas de surcoûts », détaille Magnus Braun, ingénieur R&D d’Incare.  

Résilience. Stéphane Sanjuan (SeeTech) et Luc Martin (Optitec) sont revenus sur les difficultés rencontrées par leurs sociétés, il y a quelques années. Ils ont raconté le chemin du retour vers la croissance, avec l’accompagnement de l’UIMM et de Bpifrance : actions menées d’urgence, audit 360 degrés, baisse de la rémunération des associés, sous-location d’une partie des locaux, départs non remplacés, changement de nom pour SeeTech, un fondateur historique qui devient salarié, tours de table financiers, analyses financières fines etc.  
« Les choses vont plus vite dans le négatif que dans le positif, prévient Luc Martin. Il suffit de deux ou trois erreurs stratégiques pour mettre à mal des années de trésorerie et de business. » « Il faut écrire la stratégie de développement de l’entreprise et, lors d’un audit, accepter d’entendre des choses qui ne font pas plaisir », insiste Stéphane Sanjuan. Émilie Vidal invite à « anticiper le plus possible, et à ne pas attendre le dernier moment ».  

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©Amélie Cazalet (Agencehv)

5 défis. Devant ses adhérents, Pierre-Damien Rochette identifie 5 défis : « énergie, recrutement, financement, décarbonation, innovation ». Il se félicite de chiffres encourageants : « 300 usines créées en France en 2023, contre 200 en 2022. 54 Md€ ont été attribués dans le cadre du Plan France 2030, pour remettre l’industrie au cœur de l’économie nationale. »

Déchetteries connectées. SeeTech veut développer une technologie autour d’une « déchetterie connectée », pour mieux monitorer les déchets : éviter les erreurs de tri et les surcharges de poids, vérifier que les bennes sont pleines, si l’exploitant peut les compacter… 

Compétences : l’appel de Pôle emploi pour les contrats de professionnalisation. « Le métier le plus en tension dans le département de l’Hérault est technicien de maintenance. Nous devons développer les contrats de professionnalisation sur ce segment d’activité, a déclaré Philippe Soursou, directeur de Pôle emploi dans l’Hérault. Si cet écart perdure, l’industrie aura des problèmes pour faire venir de nouveaux arrivants sur le territoire. L’utilisation des contrats de professionnalisation est une solution pour l’emploi durable. » Il a appelé les entreprises à faire basculer une partie des intérimaires « vers des contrats de professionnalisation, pour développer un socle de compétences dont l’ensemble des acteurs auront besoin pour faire perdurer leur développement économique ». Une intervention qui fait écho à l’alerte envoyée fin août par Sophie Garcia, présidente du Medef Occitanie, sur le manque de compétences industrielles en Occitanie Est, alors que ce territoire doit relever des défis industriels, notamment en matière d’éoliennes en mer et de filière hydrogène. Relire sa tribune sur le site lesindiscretions.com, en cliquant ici.

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Philippe Soursou ©DR

Emploi industriel en hausse dans l’Hérault. « Hors intérim, d’après l’Urssaf, l’emploi industriel a progressé de 3 % en 2022 dans l’Hérault, au lieu de + 1,8 % en Occitanie », a indiqué Philippe Soursou. Cette tendance perdure : + 3,6 % au T1 2023 (+ 2,2 % en Occitanie). 27.000 personnes travaillent dans l’industrie dans l’Hérault. « Selon les rangs 1, 2, ou 3, un emploi industriel est 3 à 5 emplois de service associé. Cela a une incidence dans l’aménagement du territoire. » Pour résoudre les difficultés de recrutements, outre les contrats de professionnalisation, Philippe Soursou insiste sur la « diversification des modes de recrutement, qui devient indispensable : formations préalables aux recrutements, périodes d’immersion, méthode de recrutement par simulation… »

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