Immobilier / Lavérune (34) : le ras-le-bol des élus et opérateurs contre les recours abusifs

27 janvier 2025

« Dix ans… Vraiment, il en fallu, de l’opiniâtreté, pour voir ce projet sortir de terre », lâche, sans cacher son agacement, Michaël Delafosse, maire PS de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, le 24 janvier lors de la pose de la première pierre de la future résidence intergénérationnelle de 99 logements « La Bastide du Château », cours Bérenger de Frédol à Lavérune (34). Architecte : Jean-Baptiste Miralles (Montpellier). Le programme a été ralenti par un recours contentieux. Lancé en 2016, le projet, qui réunira séniors et jeunes actifs de moins de 30 ans (avec une salle commune de 110 m²), doit en effet être livré en 2027. Le retard a cristallisé les prises de paroles des élus et des opérateurs, tous très offensifs, et même pas engourdis par le froid hivernal. Les Indiscrétions y étaient.  

zoom - Les indiscretions
Pose de premières ‘pierres’ (sous forme de Lego) de La Bastide du Château, ce 24 janvier à Lavérune (34).
De gauche à droite : Émile Noyer, président de la Cité Jardins (Blagnac – 31), propriétaire de l’opération et qui assurera la gestion au terme de la construction, Hussein Bourgi, sénateur de l’Hérault et conseiller régional, Roger Caizergues, maire de Lavérune, Patricia Weber, vice-présidente du Département de l’Hérault, Laurent Romanelli, président du Groupe M&A (Montpellier), maître d’ouvrage, Jean-Baptiste Miralles (architecte) et Michaël Delafosse (3M et Ville de Montpellier). ©Hubert Vialatte (Les Indiscrétions)

Combat du maire. « Pendant 10 ans, un maire s’est battu, jusqu’au Conseil d’État, pour faire ce projet. 10 ans, vous vous rendez compte ? Cela aurait pu aller plus vite ! Ce retard a coûté de l’argent aux contribuables, et a renchéri le coût du projet. La commune n’a vendu le terrain que très récemment. » S’adressant au sénateur Bourgi (pour qu’il agisse à l’échelle législative, note) : « On ne peut plus continuer comme ça. Je reconnais à tout le monde le droit de faire un recours. Mais ce sont des pesanteurs épuisantes et désespérantes. Il faut que notre pays trouve des solutions pour que les projets ne s’enlisent pas. Parce que parfois, on baisse les bras, et c’est normal d’ailleurs. Mais en attendant, les personnes âgées, les jeunes, qui s’en occupe ? Et ces gens-là ne sont souvent pas dans la rue, dans les manifestations, pour s’exprimer. Ils sont dans leurs difficultés, et n’ont pas le temps de prendre la parole dans la vie démocratique. » 3M aide le logement social à hauteur de 10 M€ par an (aides à la pierre), « pour aider les maires à porter des projets de solidarité. Ces logements aidés représentent 10 à 25 % d’économies par rapport au parc privé. La solidarité, c’est un devoir, pour les retraités qui ont des petites pensions, pour les jeunes qui gagnent le Smic, ou qui sont en apprentissage ». 

Une réponse à 99 personnes. « Des jeunes qui sortent d’un lycée professionnel, d’un BTS, qui ne veulent plus habiter chez leurs parents, ou que les parents chassent de chez eux, cherchent un logement. Il leur faut une réponse. Et ce programme immobilier, c’est une réponse. Et nos aînés, parce qu’ils ont une petite pension et ne peuvent plus entretenir une maison ou un grand appartement, ont besoin de lieux. Et ce n’est pas la case Ehpad. Des réponses vont être apportées à 99 personnes, via ce programme. »

La Bastide du Chateau
©Agence Miralles

M&A : projets de requalifications d’actifs d’Orpéa. « Il nous a fallu, de la persévérance, avec des adversaires pas corrects, qui ont privilégié leurs intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. C’est une coconstruction, avec les partenaires publics, dont la Banque des Territoires et ActionLogement. Notre action, à M&A, s’inscrit dans démarche de coconstruction, dans l’aire de Montpellier et en France, à travers le concept Silver, notre marque de résidences seniors », lance Laurent Romanelli (Groupe M&A, filiale d’Icade). Après une livraison à Feyzin (69), M&A étudie « des projets de requalification en résidences seniors d’anciens Ehpad et cliniques d’Orpea ».

Opération « nécessaire, mais tant attendue », selon Émile Noyer (La Cité Jardins, filiale du Groupe Promologis, – ActionLogement). Promologis est le premier acteur de l’habitat abordable en Occitanie avec 40.000 logements. « C’est une opération nécessaire, mais tant attendue. Le projet a subi un recours, qui venait servir un intérêt particulier. C’est malheureusement trop souvent le cas. Cela amène une contrainte supplémentaire à la réalisation des opérations de logements, alors que la production a été divisée par deux par rapport à l’avant-Covid, du fait des coûts de construction, des normes, du foncier… », déclare Émile Noyer. Les T1 pour jeunes actifs seront meublés, « ce qui répond aux besoins de mobilité » dans cette phase du parcours résidentiel. Loyers mensuels : 320 euros pour les étudiants, et pour les seniors, autour de 480 euros. La Cité Jardins est spécialisée dans les logements thématiques : jeunes salariés, actifs en mobilité, saisonniers, seniors, personnes en situation de handicap ou exposées à des fragilités… Cette ESH gère un parc de plus de 8.000 logements en Occitanie. Principalement en Occitanie Ouest, mais également dans l’Hérault, avec 830 logements au sein de 10 résidences, dont une en construction dans le quartier Mosson à Montpellier.

« Les banques n’aident plus assez », selon le sénateur Bourgi. « Depuis quelques années, la filière du logement connaît une crise sans précédent dans notre pays, admet le sénateur Hussein Bourgi (PS). Il y a de plus en plus de personnes qui rencontrent de grandes difficultés à trouver un logement. Il y a aussi la filière du logement, les entreprises, qui peinent à voir sortir les réalisations, parce que les banques n’aident plus (sic), ou plus assez, ceux qui veulent acquérir leur propre logement, et parce que le foncier est de plus en plus cher. Chaque réalisation comme celle-ci, c’est de l’emploi local en faisant travailler les artisans et les entreprises du bâtiment. À chaque fois qu’un maire permet la construction d’une résidence, c’est un cercle vertueux qui est enclenché. » Par ailleurs, selon lui, il est important de rééquilibrer le développement urbain à l’ouest de la métropole, à travers cette opération, à proximité du Château des Evêques. Michaël Delafosse de rappeler, toujours à l’ouest de la métropole, la ligne 5 de tramway (décembre 2025), le contournement ouest de Montpellier, le futur lycée à Cournonterral (Région Occitanie) et le bustram à venir, à l’horizon 2027-2028, avec « quelques duretés foncières », à résoudre.  

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